Dakar, le 25 février 2025 – Hier, lundi, le Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio a été le théâtre d’un événement historique pour le Sénégal. En effet, le Président de la République, Son Excellence Bassirou Diomaye Faye, a officiellement donné le coup d’envoi de la nouvelle stratégie numérique nationale, intitulée « New Deal Technologique ». Devant un parterre d’autorités nationales et internationales, cette cérémonie a marqué un tournant décisif dans l’ambition du pays de se repositionner comme un leader de la transformation numérique en Afrique.
« New Deal Technologique » : une vision ambitieuse pour un Sénégal numérique
Par ailleurs, le « New Deal Technologique » n’est pas une simple feuille de route technique ; il incarne une vision stratégique qui mise sur le numérique pour redéfinir le fonctionnement de l’État, dynamiser l’économie et réduire les inégalités. S’exprimant lors de l’événement, le chef de l’État a insisté sur l’urgence de bâtir « un Sénégal moderne, souverain et connecté », capable de répondre aux défis du XXIe siècle. « Le numérique est un levier incontournable pour accélérer notre développement, renforcer notre souveraineté et offrir des opportunités à tous les Sénégalais, où qu’ils soient », a-t-il déclaré, suscitant l’approbation d’une audience attentive.
En plus, cette stratégie, qui s’étend jusqu’à l’horizon 2034, repose sur quatre axes majeurs. Le premier, axé sur la souveraineté technologique, vise à doter le Sénégal d’infrastructures numériques indépendantes, réduisant ainsi sa dépendance aux solutions étrangères. Le deuxième pilier met l’accent sur un accès universel à Internet, avec des efforts pour connecter les zones rurales et reculées à un coût abordable. Le troisième axe s’attaque à la modernisation des services publics grâce à la digitalisation, avec des projets phares comme l’identité numérique unique et un guichet citoyen centralisé. Enfin, le quatrième ambitionne de faire du Sénégal un hub technologique africain, en soutenant l’innovation locale et en positionnant le pays comme une référence continentale.
Un héritage à transformer
Le lancement de cette initiative intervient dans un contexte dans lequel le Sénégal cherche à dépasser les limites de sa précédente stratégie, « Sénégal Numérique 2025 », adoptée sous l’administration de Macky Sall. Si cette dernière avait posé des bases solides, son exécution n’a atteint qu’un taux de réalisation de 19 %, selon un diagnostic officiel. Des faiblesses telles qu’un manque de coordination, une gouvernance inadaptée et des initiatives dispersées ont freiné son impact. Le « New Deal Technologique » se veut une réponse audacieuse à ces défis, avec une approche plus intégrée et un leadership affirmé.
En outre, le Président Faye, qui avait fait de la transformation numérique un pilier de sa campagne électorale, voit dans ce projet une opportunité de concrétiser ses promesses. Dès son arrivée au pouvoir en mars 2024, il avait annoncé des investissements massifs dans les infrastructures numériques et la création d’un écosystème favorable aux startups et à l’innovation. Ce lundi, il a réitéré son engagement à « accompagner l’émergence de champions nationaux capables de rayonner au-delà de nos frontières ».
Le « New Deal Technologique » : Des attentes fortes, un budget conséquent
Le « New Deal Technologique » ne manque pas d’ambition et son financement reflète cette envergure. Avec un budget estimé à 1 105 milliards de FCFA, ce programme mobilisera des ressources publiques et privées pour transformer les secteurs clés comme l’éducation, la santé et l’administration. Parmi les innovations annoncées, l’introduction d’une identité numérique biométrique et la création de datacenter souverains ont particulièrement retenu l’attention. Ces outils devraient sécuriser les données nationales et simplifier les démarches administratives pour les citoyens.
Pour le secteur privé, cette stratégie ouvre des perspectives prometteuses. Le Réseau des acteurs du secteur des TIC au Sénégal (RESTIC) a d’ores et déjà salué l’initiative, y voyant une chance de booster l’économie numérique et de créer des emplois pour la jeunesse. « C’est une vision qui nous inspire et qui donne espoir à toute une génération », a confié un entrepreneur local présent à la cérémonie.
Un défi continental et des enjeux de taille
Au-delà des frontières sénégalaises, le « New Deal Technologique » se positionne comme un modèle pour l’Afrique. En s’inspirant des dynamiques mondiales tout en ancrant son approche dans une logique de souveraineté, le Sénégal veut jouer un rôle moteur dans l’intégration numérique du continent. Le Président Faye n’a pas manqué de souligner cet aspect, plaidant pour une collaboration renforcée avec les pays voisins afin de relever les défis communs.
Cependant, la réussite de cette stratégie dépendra de sa mise en œuvre. Les observateurs pointent déjà du doigt les défis liés à la cybersécurité, à la formation des ressources humaines et à l’inclusion des populations rurales, souvent laissées pour compte dans les projets technologiques. « Le pari est ambitieux, mais il faudra une exécution rigoureuse pour transformer cette vision en réalité concrète », note un analyste spécialisé dans les politiques publiques.
Vers un avenir connecté
En lançant le « New Deal Technologique », Bassirou Diomaye Faye envoie un signal clair : le Sénégal refuse de rester à la traîne dans la course mondiale à la digitalisation. À l’heure où le continent africain s’impose comme un terrain d’innovation, cette stratégie pourrait bien faire du pays un pionnier, à condition que les promesses d’aujourd’hui se traduisent en actions tangibles demain. Pour l’instant, l’enthousiasme est palpable et les regards, tant nationaux qu’internationaux, sont tournés vers cette nouvelle ère numérique que le Sénégal s’apprête à écrire.