Le Togo et l'AES : Une osmose douanière redessine les contours d'une coopération - Journal du niger



Le Togo et l’AES : Une osmose douanière redessine les contours d’une coopération

Lomé, 14 mars 2025 – Dans l’écheveau complexe des dynamiques ouest-africaines, un jalon décisif vient d’être posé. Depuis le 10…

Le Togo et l'AES lancent l'interconnexion douanière sur le corridor Lomé-Bamako, une avancée technologique qui promet fluidité, transparence

Lomé, 14 mars 2025 – Dans l’écheveau complexe des dynamiques ouest-africaines, un jalon décisif vient d’être posé. Depuis le 10 mars 2025, la phase pilote de l’interconnexion des systèmes douaniers entre le Togo et les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), amorcée sur le corridor Lomé-Bamako via le Burkina Faso, ouvre une brèche vers une intégration économique plus fluide et ambitieuse. En effet, portée par le système Sydonia World, cette avancée technologique, issue d’un protocole d’accord scellé à Niamey le 23 juillet 2024, promet de métamorphoser les échanges commerciaux en une mécanique précise, transparente et rapide, au grand dam des pesanteurs administratives d’antan.

Une symphonie numérique au service des échanges

Par ailleurs, loin d’être une simple prouesse technique, cette interconnexion s’érige en vecteur d’harmonie entre les administrations douanières. Grâce à Sydonia World, les formalités de transit s’exécutent désormais avec une diligence remarquable, les données circulant sans heurts entre Lomé, Ouagadougou et Bamako. Cette fluidité ne se contente pas d’accélérer les opérations : elle ambitionne de verrouiller les recettes fiscales des États, de juguler les pratiques frauduleuses et de tarir les flux illicites qui, trop longtemps, ont sapé les fondements de l’économie régionale. Le Commissaire général de l’Office Togolais des Recettes (OTR), Philippe K. Tchodie, n’a pas manqué de rappeler cette exigence dans un avis daté du 6 mars 2025, exhortant les opérateurs économiques (commissionnaires en douane, consignataires, importateurs et exportateurs) à faire preuve d’un « civisme irréprochable » en respectant les itinéraires prédéfinis dans le système.

Le Togo, pivot d’une intégration régionale renouvelée

Cette initiative s’inscrit dans un dessein plus vaste : celui de raffermir les liens économiques entre le Togo et ses voisins sahéliens. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’OTR, les échanges commerciaux avec les pays de l’AES représentent aujourd’hui 74 % du commerce extérieur togolais, contre 64 % il y a cinq ans : une envolée de 10 points qui consacre Lomé comme un carrefour incontournable des flux intra-régionaux. Cette progression n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une coopération méthodique, où le Togo se positionne en partenaire fiable et visionnaire au sein de l’AES.

L’horizon, cependant, ne se limite pas au corridor Lomé-Bamako. Une extension prochaine vers Lomé-Ouagadougou-Niamey est déjà dans les tuyaux, laissant entrevoir un réseau douanier interconnecté qui pourrait bien transcender les frontières géographiques pour esquisser une véritable communauté économique. Dans une région où les crises sécuritaires et environnementales menacent la stabilité, cette toile numérique apparaît comme une réponse audacieuse, un pont jeté par-dessus les abîmes de l’isolement.

Le Togo et l’AES  : des enjeux qui dépassent la technique

Au-delà de la célérité des échanges, cette interconnexion incarne une mue profonde des administrations publiques. En érigeant la technologie en rempart contre l’opacité, elle offre aux États des ressources fiscales mieux sécurisées, carburant essentiel pour des projets d’envergure – infrastructures, éducation, santé. En asséchant les marécages de la fraude, elle purifie l’écosystème des affaires, invitant les investisseurs à poser un regard neuf sur une région en pleine effervescence.

Mais cette ambition ne saurait s’épanouir sans l’adhésion des acteurs de terrain. L’appel lancé par Philippe K. Tchodie résonne comme une injonction à l’action : les opérateurs économiques doivent s’approprier ces outils, faire de cette révolution numérique une alliée, plutôt qu’une contrainte. C’est dans cette synergie entre gouvernance modernisée et engagement collectif que réside la clé du succès.

Vers un horizon ouvert à toutes les promesses

Alors que les premiers convois glissent sans entraves le long du corridor Lomé-Bamako, une question plane subtilement, aussi légère qu’importante : cette interconnexion saura-t-elle s’ériger en levier d’une prospérité pérenne, ou restera-t-elle une lueur fragile dans un paysage encore marqué par des défis colossaux ? Le Togo et l’AES ont allumé une flamme, celle d’une coopération réinventée, mais son éclat futur dépendra des vents qui la porteront ou l’éteindront. Portée par des espoirs concrets et des incertitudes discrètes, cette initiative ouvre un chemin sur lequel chaque action, chaque transaction, compose une histoire encore incomplète, prête à se dévoiler sous le regard d’une région en quête de son avenir.

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