Niamey, 17 février2025 – Dans un contexte où la nécessité d’un renouveau politique, économique et institutionnel est devenue impérative, le Niger amorce une séquence historique avec les Assises Nationales pour la Refondation. En effet, du 15 au 19 février 2025, Niamey est l’épicentre d’un débat national visant à jeter les bases d’un État plus résilient, souverain et prospère. Différentes sous-commissions y examinent des problématiques cruciales, notamment l’économie, la géopolitique et la justice, avec pour objectif de formuler des propositions concrètes et viables.
Économie et développement durable : vers une souveraineté effective ?
La sous-commission dédiée à l’économie et au développement durable a entamé ses travaux hier. Son ambition : diagnostiquer les entraves à la croissance et proposer des pistes d’amélioration permettant Ainsi, au Niger de se réapproprier son avenir économique.
À cet effet, elle mise sur une approche pragmatique et inclusive. Selon M. Salha Haladou, président de cette sous-commission, la priorité est d’identifier les facteurs structurels qui freinent le développement et d’élaborer des solutions ancrées dans la réalité nationale. Par ailleurs, L’objectif affiché est d’établir une feuille de route garantissant une autonomie économique durable, en s’appuyant à la fois sur les consultations régionales et sur des recommandations ciblées.
« Il ne suffit pas d’énumérer des propositions, il faut veiller à leur applicabilité sur le terrain », a-t-il insisté, soulignant l’importance d’une approche concertée impliquant tous les acteurs économiques.
Défis et solutions envisagées
Parmi les préoccupations soulevées figurent la faible transformation des matières premières, la dépendance aux importations et l’absence de mécanismes pérennes de financement du développement. Ainsi, le consensus semble se dégager autour de l’urgence de mettre en place des stratégies d’industrialisation adaptées, d’optimiser la gestion des ressources naturelles et de favoriser une croissance inclusive.
Mme Maidah Zeinabou Mamoudou, membre de la commission, a exprimé son enthousiasme quant à la portée des débats : « Nous devons structurer des solutions à court, moyen et long terme pour assurer une stabilité économique et un progrès continu. »
Géopolitique et environnement international : réaffirmer la souveraineté diplomatique
En parallèle, la sous-commission en charge de la géopolitique et des relations internationales s’est livrée à une analyse approfondie du contexte mondial et sous-régional. D’après M. Illo Adani, président de cette sous-commission et conseiller diplomatique du chef de l’État, la scène internationale est marquée par des bouleversements majeurs : conflits, crises économiques, tensions entre blocs géopolitiques. Dans ce contexte, le Niger se doit de redéfinir sa politique extérieure en fonction de ses intérêts stratégiques et également de son aspiration à une souveraineté renforcée dans ce monde instable et en pleine mutation.
Pour ce faire, la commission a élaboré un diagnostic en trois étapes.
L’approche adoptée repose sur une méthodologie inspirée du domaine médical.
- Identification des dysfonctionnements (quels sont les défis actuels ?)
- Élaboration de solutions correctives (quelles actions concrètes entreprendre ?)
- Mise en place de mesures préventives (comment éviter les crises futures ?)
Les échanges ont aussi permis de mettre en lumière la nécessité de repositionner le Niger sur l’échiquier diplomatique, en consolidant ses alliances au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) et en diversifiant ses partenariats internationaux.
M. Illo Adani a insisté sur le fait que cette refondation doit se faire en phase avec une vision de fierté nationale et d’indépendance stratégique : « Il est temps d’adopter une politique extérieure conforme à nos aspirations de souveraineté et de dignité. »
Justice et droits de l’homme : une refonte du système judiciaire en profondeur aux Assises Nationales
Sous la présidence de M. Dagara Mamadou, juriste et ancien ministre, la sous-commission en charge de la justice et des droits humains s’attelle à la réforme du cadre judiciaire, considéré comme l’un des piliers de la refondation de l’État.
Son approche se base sur trois axes de travail majeurs :
- L’assainissement du système judiciaire : mettre fin aux dysfonctionnements et garantir ainsiune justice impartiale.
- La redéfinition du cadre juridique des droits humains : adapter les normes en fonction des réalités socioculturelles nationales.
- L’élaboration de nouvelles politiques judiciaires : instaurer des réformes structurelles assurant l’équité et la transparence.
En ce sens, « il est primordial que le justiciable ait confiance en l’institution judiciaire », a souligné M. Dagara Mamadou, insistant sur la nécessité d’une justice égalitaire, indépendante et efficace.
Les débats, riches et animés, témoignent également d’une volonté collective de rompre avec les pratiques du passé et de bâtir un système judiciaire plus robuste, garant de l’État de droit.
Les Assises Nationales : un tournant décisif pour l’avenir du Niger
En somme, les Assises Nationales pour la Refondation du Niger se positionnent comme un moment clé dans l’histoire du pays. Effectivement, les discussions engagées dans les différentes sous-commissions traduisent une aspiration commune à un changement profond et structurant.
Ainsi, loin d’être une simple consultation formelle, ces assises doivent déboucher sur des décisions concrètes, capables de transformer durablement le paysage institutionnel, économique et diplomatique du Niger. À l’issue de ces travaux, l’enjeu sera de garantir la mise en œuvre effective des recommandations formulées, afin que cette refondation ne demeure pas un vœu pieux, mais une réalité tangible pour les générations futures.