Les riverains de la centrale électrique de Goudel exigent des mesures conservatoires contre la pollution - Journal du niger

Société




Les riverains de la centrale électrique de Goudel exigent des mesures conservatoires contre la pollution

Dans une déclaration rendu publique, le dimanche 09 mai 2021, un Collectif  des riverains de la centrale électrique à pétrole…

Dans une déclaration rendu publique, le dimanche 09 mai 2021, un Collectif  des riverains de la centrale électrique à pétrole de Goudel, mise en service il y a quelques semaines dans la périphérie de la capitale Niamey, a demandé aux autorités en charge du secteur de l’énergie de prendre des mesures conservatoires pour préserver leur santé et protéger l’environnement face à la pollution et aux bruits nocifs que génère cette centrale.

Lire ci-dessous l’intégralité de la déclaration : 

Depuis la mise en fonctionnement de la nouvelle centrale thermique Istithmar de 89 MW à Goudel, il y a quatre semaines, les riverains sont incommodés par des nuisances, à la fois sonores, atmosphériques, chimiques, électromagnétiques, radioactives, thermiques et de pollution de l’air ambiant, qui s’étendent jusqu’aux quartiers des Ambassades, Kouara Kano, Goudel, Sonuci Koubya, Yantala, Bobiel et au-delà ! Rien que le bruit de la centrale provoque, à lui seul, une nuisance majeure dans tout son environnement !

Nous savons tous que des pathologies auditives, allant jusqu’à la surdité, peuvent résulter de fortes nuisances phoniques tout comme la survenue de stress et d’irritabilité, sans oublier la possibilité de sensations de sifflements et/ou de bourdonnements.

Chaque jour, les fumées dégagées par les combustions du carburant des turbines forment des nuages visibles au coucher et au lever du soleil, preuve incontestable de la présence d’une forte pollution de l’air environnant, et à terme, d’une catastrophe environnementale.

Par voie de conséquence, les riverains de la centrale électrique de Goudel expriment collectivement leurs désagréments et mécontentements vis-à-vis des atteintes récurrentes à la tranquillité des lieux, relativement à ces nuisances permanentes qui dégradent la qualité de vie, en affectant leur sommeil et leur santé.

Les habitants sont aussi confrontés à la gêne de mobilité occasionnée par des milliers de poteaux en béton qui colonisent les ruelles qu’ils empruntent.

Les polluants primaires et majeurs tels que les oxydes de souffre (SOx) et les poussières pour une centrale qui est alimentée par le fuel lourd, générés dans l’air, sont très certainement responsables de diverses pathologies chroniques (pathologies respiratoires, troubles neurologiques, etc.). Ces dernières vont inévitablement se développer après plusieurs années d’exposition aux particules présentes dans l’air inspiré, même à de faibles niveaux de concentration.

Constatant que la Société d’Etat Nigelec, partenaire principal de la société privée Istithmar, n’a pas pris toutes les mesures de sauvegarde contre ces nuisances, réglementairement exigées par le cadre légal et les exigences de la Banque mondiale, le CODDAE a écrit officiellement au DG de la Nigelec pour attirer son attention avec ampliation aux dirigeants de haut rang.

S’agissant de l’Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES) ayant abouti à la délivrance du certificat de conformité environnementale par le Ministre chargé de l’Environnement sur laquelle la Nigelec fonde son argumentation, le promoteur n’a pas mené une étude poussée sur les différents risques que l’installation de cette centrale peut engendrer notamment :

  • Le risque d’incendie,
  • Le risque d’explosion,

Le risque de contamination aux produits chimiques en plein cœur de la capitale nigérienne.

En plus de ces lacunes, tous les impacts ont été sous-estimés, car on ne peut pas parler de la santé humaine et dire que l’impact est moyen au vu des dangers cités.

L’EIES fait ressortir clairement des impacts graves sur la pollution de l’air, l’ambiance sonore et la santé et sécurité des riverains. Une carte de zone du voisinage a été élaborée dans l’étude, mais n’est pas exploitée, car la finalité vise de définir la zone à haut risque, à risque modéré et à faible risque et conclure par la suite de la détermination d’une zone tampon.

En plus, les caractéristiques des équipements installés n’ont pas été définies notamment leur taux d’émission de rejet/jour, la fréquence de leur bruit, le type de combustible fossile qui sera utilisé (caractéristique et teneur). Aussi, la cheminée de 38 mètres ne permet pas une évacuation de fumée dans l’atmosphère sans impacter les maisons qui sont autour dont la hauteur peut être approximativement la même.

Toutes ces valeurs une fois données doivent faire l’objet d’une étude comparative aux normes de l’OMS qui sont des standards de référence.

En outre, l’EIES n’a pas fait cas des résultats de la consultation publique avec les riverains notamment les différents échanges pour requérir leurs avis et suggestions sur le projet, car le public doit être concerté, connaitre les différentes caractéristiques du projet, les impacts potentiels, les mesures proposées afin de lui permettre de se prononcer.

Du reste, lors de la réunion des riverains, il est ressorti qu’aucun d’entres-eux n’a participé à une quelconque audience publique.

En somme, l’EIES de la centrale privée Istithmar a été superficielle ainsi ne répond pas aux aspirations des populations riveraines et encore moins aux normes standardisées par l’OMS.

Dans tous les pays où ces genres de réalisations sont mises en œuvre, les réglementations obligent les promoteurs à les installer hors de la ville où loin des habitations, ce qui n’est pas le cas pour cette centrale. A titre d’exemple, nous pouvons citer la centrale de Goroubanda.

Par voie de conséquence, le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel demande humblement au Président de la République de bien vouloir mettre fin à leur calvaire. Et que soient appliqués les instruments nationaux et internationaux permettant d’obtenir immédiatement la délocalisation de cette centrale nocive pour la santé et le bien-être des populations riveraines.

Le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel saisit cette occasion pour attirer l’attention du Premier Ministre, Chef du Gouvernement que l’exploitation d’une telle centrale en pleine ville de Niamey, cause des préjudices graves aux riverains.

Les impacts de cette centrale, une vraie menace pour les droits humains, plus l’odeur forte du fioul qui alimente les turbines, justifient nos inquiétudes.

Le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel attire l’attention de l’opinion nationale que la polémique ne nous intéresse pas, ce qui importe, c’est comment sauvé des vies avant qu’il ne soit trop tard. C’est pourquoi, le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel demande au DG de la Nigelec de s’inscrire dans cette démarche assurément plus responsable pour le Niger.

Le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel reste ouvert à toute initiative tendant à trouver une solution urgente à ce problème qui préoccupe sérieusement les riverains.

Face à cette situation, le Collectif des riverains de la centrale électrique de Goudel demande au Ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies Renouvelables et à l’Autorité de Régulation du Secteur de l’Energie (ARSE) de bien vouloir prendre des mesures conservatoires pour préserver la santé des riverains et protéger notre environnement.

Fait à Niamey, le dimanche 9 mai 2021

Pour le Collectif, le Président

Elhadji Ousmane Mamane Doutchi

Suivez l'information en direct sur notre chaîne