Libye : arrestation de Mahmoud Salah, figure clé de la rébellion nigérienne, à Gatrun - Journal du niger



Libye : arrestation de Mahmoud Salah, figure clé de la rébellion nigérienne, à Gatrun

Gatrun, 24 février 2025 — Le dimanche matin, dans la ville désertique de Gatrun, située dans le sud de la…

Mahmoud Salah, chef rebelle nigérien du Front Patriotique de Libération (FPL), a été arrêté le 24 février 2025 à Gatrun, en Libye,

Gatrun, 24 février 2025 Le dimanche matin, dans la ville désertique de Gatrun, située dans le sud de la Libye, Mahmoud Salah, président du Front Patriotique de Libération (FPL), a été appréhendé par les forces de l’unité 87 de l’Armée Nationale Libyenne (ANL). Selon des sources proches du mouvement rebelle et des témoignages libyens, cette arrestation marque un tournant dans la traque de ce chef rebelle nigérien, connu pour son opposition farouche au régime militaire en place à Niamey depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. Les forces de l’unité 87 de l’ANL ont également capturé plusieurs membres influents du FPL, créé dans la foulée de ce putsch, lors de cette opération.

Mahmoud Salah : du juriste au leader rebelle

Mahmoud Salah, juriste de formation et natif de la région pétrolifère du Kawar au Niger, s’est imposé ces dernières années comme une figure incontournable de la dissidence armée. Ancien leader de l’Union des Forces Patriotiques et Révolutionnaires (UFPR), il avait transformé ce mouvement en FPL après le renversement du président nigérien Mohamed Bazoum par le général Abdourahamane Tiani et son Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Revendiquant un retour à l’ordre constitutionnel et la libération de Bazoum, toujours retenu captif avec son épouse à Niamey, Salah a multiplié les actions audacieuses, dont le sabotage d’un oléoduc stratégique reliant le Niger au Bénin en juin 2024. Cette opération spectaculaire avait mis en lumière la capacité de nuisance de son groupe, composé principalement de combattants toubous, une ethnie saharienne à cheval entre le Niger, le Tchad et la Libye.

La traque intense de l’ANL aboutit à Gatrun.

L’arrestation à Gatrun, une localité reculée proche de la frontière nigéro-libyenne, intervient après des mois de pression croissante sur le FPL. Affaibli par des défections, notamment celle de son porte-parole Idrissa Madaki, qui s’est rendu aux autorités nigériennes en novembre 2024, le mouvement de Salah semblait en perte de vitesse. Les autorités de Niamey, en collaboration avec des forces libyennes loyales au maréchal Khalifa Haftar, auraient intensifié leur chasse à l’homme dans cette zone poreuse, théâtre de trafics et d’activités rebelles. L’unité 87 de l’ANL, une brigade d’intervention rapide réputée pour ses opérations dans le sud libyen, aurait agi sur des renseignements précis, capturant Salah et ses lieutenants dans un raid matinal.

Les réactions divergentes face à l’arrestation de Salah

« C’est une victoire significative pour la stabilité régionale », a déclaré un officier libyen sous couvert d’anonymat, soulignant les liens supposés du FPL avec des « mercenaires étrangers » et un « pays voisin » — une allusion probable au Tchad ou à des soutiens extérieurs non identifiés. Du côté nigérien, cette arrestation pourrait conforter le régime militaire, qui fait face à une montée des tensions internes et externes, entre insurrections rebelles et menaces jihadistes dans le nord du pays.

Le sort incertain de Mahmoud Salah et les défis régionaux

Pourtant, l’avenir de Mahmoud Salah reste incertain. Déchu « provisoirement » de sa nationalité nigérienne en novembre 2024, aux côtés de sept autres figures liées à l’ancien régime de Bazoum, il est accusé par Niamey d’« actes terroristes » et d’« intelligence avec une puissance étrangère ». Son extradition vers le Niger, réclamée par le CNSP, pourrait toutefois se heurter à la complexité des relations entre Tripoli et l’est libyen, contrôlé par Haftar, où les rivalités politiques et les agendas locaux prédominent. « Mahmoud reste un symbole pour beaucoup au Niger. » « Ils scruteront de près son sort, » confie une source proche des cercles toubous.

Cette opération relance également les débats sur la porosité des frontières sahéliennes et le rôle de la Libye comme refuge ou base arrière pour les mouvements armés. Alors que le FPL perd son chef, d’autres groupes pro-Bazoum, comme le Front Patriotique pour la Justice (FPJ), pourraient chercher à combler le vide, dans un contexte dans lequel la paix au Niger semble encore hors de portée. À Gatrun, sous le ciel aride du Fezzan, l’arrestation de Salah résonne comme un coup dur pour la rébellion, mais aussi comme un rappel des défis persistants d’une région fracturée.

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