L’USAID dans la tourmente : Musk et Trump scellent le destin d’une agence centenaire - Journal du niger



L’USAID dans la tourmente : Musk et Trump scellent le destin d’une agence centenaire

Washington, D.C., 5 février 2025 – Dans un coup de théâtre politico-technocratique, Elon Musk, figure iconoclaste de l’ère Trump, a…

Elon Musk annonce la fin de l'USAID avec l'accord de Trump, marquant une guerre idéologique et des tensions croissantes,

Washington, D.C., 5 février 2025 – Dans un coup de théâtre politico-technocratique, Elon Musk, figure iconoclaste de l’ère Trump, a annoncé l’accord du président pour « mettre fin » à l’Agence américaine pour le développement international (USAID), lors d’une conversation sur X ce lundi. en effet, une déclaration qui cristallise des mois de tensions sourdes, marqués par des gelures budgétaires, des mises à pied ciblées et une intrusion musclée au siège de l’agence, dernier acte d’une saga où le développement international se mue en champ de bataille idéologique.

Un crépuscule programmé pour l’USAID

« Nous avons une boule de vers », a asséné Musk, comparant l’USAID à une institution « irréparable » et « incroyablement partisane ». Ses propos, tranchants comme un scalpel, font écho à ceux de Donald Trump, qui qualifiait dimanche l’agence d’être « dirigée par une bande de fous radicaux ». Par ailleurs, ce tandem improbable, le magnat des techs et l’ancien président reconverti, orchestre une offensive sans précédent contre un pilier historique de l’aide américaine, créé en 1961 sous Kennedy pour incarner le « soft power » via la lutte contre la pauvreté et les crises humanitaires.

Pourtant, derrière les invectives se cache un scénario méticuleux : depuis janvier, plus de 60 hauts responsables de l’USAID ont été mis en congé forcé, accusés d’avoir contourné le décret présidentiel gelant l’aide étrangère pour 90 jours. Samedi, l’agence a suspendu deux responsables de la sécurité pour avoir refusé l’accès de ses systèmes internes au Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), une entité fantôme affiliée à Trump. Des sources évoquent des menaces d’intervention des US Marshals pour forcer les portes, tandis que le DOGE exigeait l’accès à des données classifiées et aux dossiers du personnel.

L’ombre du DOGE : entre putsch bureaucratique et opacité

L’incident, jusqu’alors étouffé, révèle les méthodes expéditives d’un DOGE en quête d’hégémonie. Dirigé par Katie Miller, nommée en décembre, ce département tente d’imposer son autorité sur les rouages fédéraux, arguant d’une nécessaire « purge » des institutions. Miller assure que « personne n’a consulté de document classifié sans autorisation ». Cependant, des sénateurs démocrates s’alarment dans une lettre au secrétaire d’État Marco Rubio, affirmant que cet incident soulève des inquiétudes profondes quant à la sécurité nationale.

Guerre de l’information : l’USAID en voie de démantèlement ?

Le site web de l’USAID a été remplacé par une page du Département d’État, son compte X supprimé et son bureau des affaires publiques entièrement suspendu. « C’est un démantèlement par étapes », dénonce un ancien haut responsable de l’agence, sous couvert d’anonymat. « Le DOGE veut absorber l’USAID, mais l’État n’a ni l’expertise ni la culture pour piloter des projets de développement. » « On saborde un outil unique. »

USAID : Le soft power en ligne de mire

Pour ses détracteurs, l’USAID incarne un reliquat d’un « État profond » démocrate. Stephen Miller, chef de cabinet adjoint, fustige son personnel « majoritairement de gauche », tandis que Musk dénonce son soutien à des « causes radicalement anti-américaines ». Pourtant, ses défenseurs rappellent son rôle de pivot des « trois piliers D » (Défense, Diplomatie, Développement), crucial pour tisser des alliances dans des zones fragiles. « Sans elle, on frappera avec un bras dans le dos », prévient l’ancien responsable.

La dissolution de l’USAID, agence américaine d’aide au développement, entraînerait un vide stratégique aux conséquences potentiellement graves. Chaque année, l’agence injecte des milliards dans la santé, l’agriculture ou la démocratie, via des ONG et des médias locaux. Son effacement risquerait de laisser la Chine ou la Russie combler le vide, dans un contexte où l’influence américaine décline déjà, notamment en Afrique et en Amérique latine.

Une crise institutionnelle aux reliques kennediennes

L’administration Trump, elle, campe sur sa ligne : réduire la « bureaucratie woke ». Le décret du 20 janvier gelant l’aide étrangère a plongé l’USAID dans un chaos opérationnel, avec des programmes suspendus et des partenaires locaux abandonnés à leur sort. John Voorhees, directeur de la sécurité de l’agence, figure parmi les têtes tombées, accusé d’avoir résisté aux injonctions du DOGE.

Mais la bataille juridique ne fait que commencer. Les démocrates du Sénat rappellent que le Congrès doit approuver toute fusion avec le Département d’État, un garde-fou institutionnel que l’exécutif semble prêt à défier. Dans l’immédiat, l’USAID ressemble à un navire fantôme, avec son personnel dispersé, ses fonds bloqués et son avenir suspendu aux caprices d’une guerre idéologique où le développement se mue en otage.

La fin d’une époque ?

Alors que Musk clame « il est temps qu’elle meure », l’USAID incarne plus que jamais les fractures d’une Amérique tiraillée entre isolationnisme et leadership global. Sa possible disparition marquerait un tournant historique : l’abandon d’un héritage kennedien au profit d’une réalpolitik brutale, où l’humanitaire cède le pas aux calculs de pouvoir. Est-ce que le Congrès, ultime rempart contre une exécution administrative, osera contrecarrer ce checkmate institutionnel?

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