Niamey, 27 février 2025 – Aujourd’hui, alors que le soleil déclinait sur les toits ocre de Niamey, une rencontre discrète mais lourde de promesses s’est tenue au cœur de la capitale nigérienne. Le Premier Ministre, également ministre de l’Économie et des Finances, Mahaman Ali Lamine Zeine, a ouvert les portes de son cabinet à une délégation de haut vol du Fonds de Solidarité Africain (FSA), emmenée par son directeur général, Diallo Abdourahamane. Dans une salle où les murmures des ventilateurs se mêlaient à l’écho des enjeux continentaux, cette entrevue a réuni des esprits décidés à faire germer des avancées économiques pour le Niger et au-delà.
Une constellation de pionniers financiers
La délégation n’avait rien d’ordinaire. Aux côtés de Diallo Abdourahamane figuraient des sommités du financement africain : les directeurs généraux de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA), d’Afreximbank, de Sheltex Afrik, ainsi que des représentants de la Commission Économique pour l’Afrique (CEA) et de l’Alliance pour les Technologies Agricoles Innovantes (ATAI). Ce cortège d’acteurs, chacun porteur d’une pièce du puzzle économique africain, semblait dessiner une fresque d’ambitions partagées. En toile de fond, le ministre délégué aux Finances, fidèle vigie, assistait à cet échange, dont les contours restaient, pour l’heure, enveloppés de silence.
Aucune parole n’a filtré à l’issue de cette audience. Pas un mot, pas une esquisse d’intention dévoilée. Pourtant, ce mutisme, loin d’être une brume opaque, laisse entrevoir une toile en cours de tissage, où chaque fil compte. Le FSA, créé en 1976 à Niamey même, incarne depuis près d’un demi-siècle une volonté panafricaine de soutenir les projets d’investissement et de chasser les ombres de la pauvreté. Sa présence aujourd’hui, au côté de ces géants financiers, suggère une boussole pointée vers des horizons concrets pour le Niger.
FSA : une terre en quête de souffle économique
Le Niger, vaste étendue de dunes et de rêves, ne manque ni de défis ni de potentiel. Avec une économie encore fragile, une croissance prévue à 7,9 % en 2025 selon le FMI, mais un accès à l’électricité qui échappe à 80 % de sa population, le pays cherche à puiser dans ses ressources minières, pétrolières et agricoles pour se hisser vers la lumière. L’entrée en production du champ pétrolier d’Agadem en novembre 2023 a marqué un tournant, mais les besoins d’infrastructures et de diversification restent des montagnes à gravir. Dans ce décor, le Premier ministre Zeine, économiste chevronné et figure de la résilience nigérienne, apparaît comme un timonier décidé à capter les vents favorables.
La visite du FSA et de ses alliés ne tombe pas du ciel. Elle s’inscrit dans une danse diplomatique et économique intense, orchestrée par un gouvernement de transition qui, depuis2023, multiplie les passerelles avec des partenaires hors des sentiers battus. Après des échanges fructueux avec le FMI à Washington en octobre 2024 et une quête de souveraineté énergétique affirmée au sommet Mission 300 Africa Energy à Dar es Salaam, Niamey semble tendre une main ferme aux institutions africaines prêtes à semer avec elle.
Un silence qui murmure des possibles
Que s’est-il tramé derrière ces portes closes ? Les spéculations fusent, mais les faits restent des braises encore chaudes sous la cendre. Le FSA, fort de son rôle de garant pour les projets d’investissement, pourrait bien jouer les entremetteurs pour des financements dans l’énergie, l’agriculture ou les infrastructures des secteurs où Afreximbank et la BADEA ont déjà fait leurs preuves. Sheltex Afrik, discret mais influent dans le textile et l’industrialisation, pourrait apporter une touche inattendue à la palette nigérienne. Quant à la CEA et l’ATAI, leurs expertises en politique économique et en innovations agricoles laissent présager des discussions sur des chaînes de valeur durables.
Niamey, une étoile montante ?
Niamey n’a pas seulement accueilli une délégation : elle a planté un jalon. Dans un monde où les alliances se redéfinissent, le Niger de Mahaman Ali Lamine Zeine semble décidé à ne plus être un simple spectateur. Avec le FSA et ses partenaires, le pays pourrait bien rallumer une flamme panafricaine née sur son propre sol il y a près de cinquante ans. Si les mots manquent encore, les regards, eux, sont tournés vers les fruits que cet échange pourrait faire éclore. Pour l’heure, le rideau reste tiré, mais la scène, elle, s’anime déjà dans l’ombre.