Niamey, le 14 février 2025 — À l’aune d’une ère où la fracture numérique défie encore les systèmes éducatifs africains, le Niger orchestre une mue pédagogique audacieuse. Ce vendredi, Dr Élisabeth Sherif, ministre de l’Éducation Nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales, a effectué une visite inaugurale au cœur du « Projet Niger-Lire », épicentre d’une stratégie visant à irriguer les salles de classe réelles ou virtuelles grâce à l’initiative « Un enseignant, une tablette ».
L’épopée technologique au service du savoir au Niger
Dans les entrailles du bureau national du projet, un arsenal de 7 035 tablettes pédagogiques, chacune minutieusement configurée, attendait le regard scrutateur de la ministre. Ces artefacts numériques, bien plus que de simples écrans tactiles, renferment une bibliothèque dynamique : résumés épurés, cas pratiques modélisés, vidéos didactiques et applications dédiées à la collecte de données.
Une panoplie conçue pour transcender les limites géographiques et logistiques, comme l’a explicité M. Aboubacar Mamadou Diakité, directeur de la Statistique et des Nouvelles Technologies. « Ces outils, dotés d’une autonomie énergétique inédite jusqu’à sept jours grâce à un power-bank de 21 000 mAh, sont des vaisseaux du savoir, capables de voguer vers les contrées les plus enclavées », a-t-il déclaré, insistant sur leur usage strictement professionnel.
Une symbiose entre centralisation et décentralisation
Le génie de ce dispositif réside dans son architecture duale : si les tablettes sont destinées à essaimer dans les zones reculées, voire inaccessibles en raison de l’insécurité, leur paramétrage est piloté depuis un centre névralgique. Cette plateforme centrale permet non seulement un suivi des données, mais aussi une formation continue des enseignants, y compris ceux sous contrat précaire. « L’objectif est de créer un écosystème où chaque acteur, qu’il soit à Agadez ou à Dosso, accède à la même rigueur académique », a souligné M. Attalaka Karimoune, conseiller technique de la ministre.
L’éducation, antidote aux défis structurels
Avec un lot additionnel de 3 400 tablettes en attente de livraison, le « projet Niger-Lire » ambitionne de pallier deux maux endémiques : la disparité qualitative de l’enseignement et l’illettrisme technologique. « Le changement sera tangible : d’abord par l’homogénéisation des méthodes pédagogiques, ensuite par la démocratisation de l’accès au savoir, indépendamment des aléas territoriaux », a affirmé M. Diakité. Les régions fragilisées par les conflits, souvent privées d’écoles fonctionnelles, pourront ainsi bénéficier d’un enseignement à distance structuré, rompant avec l’isolement éducatif.
Perspectives : au-delà de l’outillage
Si les tablettes incarnent un progrès matériel indéniable, les défis demeurent dans l’appropriation durable de ces technologies. La ministre a rappelé que l’innovation ne se résume pas à l’équipement, mais exige une refonte des mentalités. « Ces outils sont des catalyseurs. » « Leur succès dépendra de notre capacité à former, accompagner et valoriser les enseignants, pierres angulaires de cette réforme », a-t-elle insisté.
En définitive, le Niger esquisse ici une pédagogie résiliente, où le numérique n’est pas une fin, mais un vecteur d’équité. Reste à observer comment ces graines de modernité germeront dans le terreau parfois aride des réalités locales.