Le Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Lamine Zeine, a dénoncé jeudi la “mauvaise foi” de la CEDEAO, qui n’a pas envoyé sa délégation complète à Niamey pour discuter de la levée des sanctions imposées au pays après le coup d’Etat du 18 décembre 2023.
Dialogue de sourds entre le Niger et la CEDEAO sur les sanctions post-coup d’Etat
Lors d’un point de presse, le chef du gouvernement de transition a affirmé que le Niger avait “tout fait” pour faciliter le dialogue avec l’organisation régionale, mais que celle-ci avait multiplié les prétextes pour ne pas se rendre à Niamey.
“Nous aurions voulu vous voir assister aux négociations avec la CEDEAO, mais malheureusement comme vous pouvez le constater une bonne partie de l’équipe qui est censée venir assister aux négociations n’est pas présente”, a-t-il déclaré, en présence du ministre togolais des affaires étrangères, l’unique membre de l’équipe de négociation présent.
Le Premier ministre a montré aux journalistes les copies des autorisations de survol et d’atterrissage délivrées par les autorités nigériennes aux avions de la CEDEAO, pour réfuter l’argument avancé par l’organisation pour justifier son absence. Il a également rappelé que le Niger avait accepté de reporter la date des négociations, initialement prévues le 10 janvier, au 12 puis au 25 janvier, à la demande de la CEDEAO.
“Malheureusement aujourd’hui encore, en dehors du Togo qui a accepté de faire le déplacement, la CEDEAO n’est pas arrivée”, a-t-il regretté.
Le Niger accuse la CEDEAO de mauvaise foi et de punition après le coup d’Etat
Le Premier ministre a accusé la CEDEAO et “probablement les pays qui sont derrière” de vouloir “punir” le Niger, qui a “fait le choix d’aller dans le sens de sa souveraineté”, en renversant le président Mohamed Bazoum, accusé de mauvaise gestion du pouvoir pendant son mandat. Il a remercié le Togo, qui a “toujours œuvré pour la paix” dans la région, et a réaffirmé la volonté du Niger de respecter la feuille de route de la transition, qui prévoit des élections générales en juin 2024.
Il a ensuite remis aux journalistes les deux autorisations de survol et d’atterrissage délivrées par le Niger aux avions de la CEDEAO. La première concerne la délégation togolaise, conduite par le ministre des affaires étrangères du Togo, Pr Robert, et la deuxième la délégation de la CEDEAO, accompagnée par la Sierra Leone.
Pour rappel, la CEDEAO a suspendu le Niger de ses instances et imposé un embargo sur les armes et le gel des avoirs des membres du Conseil national de salut du peuple (CNSP), l’organe qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat. Elle a exigé le retour à l’ordre constitutionnel et la libération du président Issoufou, détenu dans un lieu secret.