Niamey, 26 février 2025 — À l’aube d’une ère où les frontières entre tradition et modernité s’écrasent, le Niger orchestre une symphonie inédite pour réinventer son patrimoine touristique et artisanal. En effet, lors d’un entretien accordé hier à la RTN, la Ministre du Tourisme et de l’Artisanat a dévoilé une mosaïque de mesures destinées à transcender les défis historiques du secteur, tout en tissant un dialogue entre l’authenticité locale et les exigences d’un monde en mutation.
L’archipel des initiatives : du document manquant à la cartographie économique
Jusqu’à présent, longtemps privé de boussole stratégique, le secteur touristique nigérien naviguait en eaux troubles, absent des cartographies gouvernementales prioritaires. « Avant, le tourisme serait sans boussole, dépourvu d’une politique nationale structurante », confesse la Ministre, soulignant l’urgence d’un cadastre réglementaire désormais en gestation. Ce vade-mecum, élaboré en symbiose avec les institutions concernées, aspire à redessiner les contours d’un secteur marginalisé, tout en comblant le vide statistique qui obscurcissait son impact économique. Parallèlement, une collaboration inédite avec l’Institut National de la Statistique (INS) promet désormais de quantifier l’invisible, transformant les données en leviers pour des financements pérennes.
L’Académie des savoir-faire : quand la formation devient art ?
Ensuite, dans l’atelier des compétences, 85 artisans de l’hospitalité (réceptionnistes, cuisiniers, maîtres d’étages) ont été initiés aux arcanes de l’excellence technique et hygiéniste. Ces séances, bien plus que de simples formations, ressemblent à une chorégraphie où chaque geste, chaque protocole, devient un pas vers l’élévation qualitative. « L’art de l’accueil ne se limite pas à un sourire ; c’est une alchimie de rigueur et de créativité », insiste la Ministre, évoquant ces ateliers comme des laboratoires de redynamisation.
Festivals et flux : la résilience par le patrimoine vivant
Après cela, face à la léthargie des flux internationaux ébranlés par les séquelles pandémiques et les tumultes sécuritaires, le Niger mise sur l’effervescence de ses racines. Ainsi, les éditions renouvelées du Festival des Civilisations du Fleuve à Boubon ou du Festival de l’Arewa ne sont pas de simples célébrations, mais des cathédrales éphémères où se reconstruit l’imaginaire collectif. En outre, ces événements ponctuels d’excursions sur le Niger ou dans le sanctuaire des girafes de Kouré invitent à une déambulation introspective, où le voyageur devient archéologue de sa propre terre.
La lutte contre les ombres : concurrence déloyale et diplomatie économique
Cependant, dans l’arène touristique, un adversaire insidieux ronge les fondations : la concurrence déloyale. Hébergements clandestins, lieux fantômes… Autant de spectres que le Ministère combat via une alliance inattendue avec le Ministère de l’Intérieur pour policer les pratiques et sanctifier la légalité. De plus, sur la scène internationale, le Niger renoue avec l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), après une traversée du désert financier. Désormais, les cotisations, jadis irrégulières, redeviennent un sésame pour accéder aux fonds et influencer les agendas globaux.
L’artisanat : au-delà de l’écrin, l’économie
En parallèle, Mme Soufiane Agaichata, Ministre de l’Artisanat, déploie un plaidoyer pour une relecture du secteur. Loin des clichés réducteurs, bijoux et maroquinerie, l’artisanat nigérien est un cosmos de 291 métiers, des forgerons aux restaurateurs, des électriciens aux artisans agroalimentaires. « Un recensement révélerait une constellation d’artisans, piliers invisibles de notre économie », affirme-t-elle, appelant à un inventaire national pour révéler cette armée silencieuse.
Vers un tourisme endogène : le Niger par les Nigériens
Finalement, l’ultime défi ? Détourner le regard des hôtels peuplés d’étrangers pour éveiller une fierté domestique. Avec près de vingt transports terrestres en effervescence, le Niger mise sur des compagnies d’excursions ciblées (balades fluviales, safaris urbains à Niamey) pour que ses citoyens redécouvrent leur propre territoire. « Le tourisme intérieur n’est pas un luxe, mais un miroir où se reflète notre identité », conclut la Ministre, envisageant une économie dans laquelle chaque voyageur local devient ambassadeur d’une richesse méconnue.
Le Niger, tisserand de sa propre légende
En somme, en mariant l’audace politique à la poésie des traditions, le Niger tisse une tapisserie sur laquelle chaque fil (statistique, formation, festival, artisanat) contribue à un récit cohérent. Loin des modèles importés, cette renaissance puise sa sève dans un terreau ancestral, transformant les défis en pigments pour une fresque économique et culturelle. Et si l’avenir du tourisme résidait dans cette alchimie rare, où un pays se réinvente non pas pour les regards extérieurs, mais pour le regard qu’il porte sur lui-même ?