Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche lors d’une attaque de bandits armés dans trois villages de l’Etat de Kaduna, dans le Nord du Nigeria, ont indiqué lundi la police locale et des habitants.
Une centaine d’hommes armés, soupçonnés d’appartenir à un gang spécialisé dans le vol de bétail et les kidnappings, ont attaqué les villages de Kerawa, Zareyawa et Marina dans le district d’Igabi, tirant sur des habitants, pillant et incendiant des maisons, selon la police locale.
« Le commandement de la police a reçu un rapport sur ces attaques et nous avons envoyé des hommes dans la zone pour rassembler davantage d’informations », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat, Mohammed Jalige.
Un député de Kaduna et des habitants ont quant à eux fait état d’au moins 50 corps retrouvés, un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir.
« Jusqu’à présent, 50 corps ont été retrouvés mais le chiffre n’est pas définitif et devrait très probablement augmenter car les opérations de secours sont toujours en cours », a déclaré le député Zayyad Ibrahim.
Les bandits ont attaqué les villages au moment où les fidèles sortaient des mosquées après la prière, tirant au hasard sur la population, a déclaré M. Ibrahim, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de la région.
Un chef du village de Kerawa, Dayyabu Kerawa, a assuré que « 51 victimes » avaient été « enterrées » dimanche après-midi après l’attaque, la présentant comme des représailles aux opérations menées par l’armée dans la région.
« Les attaques étaient une réponse aux opérations militaires en cours contre les cachettes des bandits dans la forêt » voisine, a affirmé M. Kerawa. « Les bandits ont accusé les habitants des villages ciblés de fournir des informations sur leurs cachettes aux militaires ».
Le mois dernier, 21 personnes, dont 16 membres d’une famille, avaient été tuées lors d’une attaque similaire contre le village de Bakali, dans le district voisin de Giwa.
Cette partie de l’Etat de Kaduna est devenue ces dernières années un repaire de bandits spécialisés dans le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, qui ont forcé des milliers d’habitants à fuir leurs foyers.
En février, les autorités nigérianes ont affirmé avoir tué 250 bandits lors d’une opération visant leurs cachettes dans les forêts de l’Etat de Kaduna.
Dans une déclaration lundi, le sénateur de l’Etat de Kaduna, Shehu Sani, a dénoncé le « silence » et l' »inaction » des autorités face à l’insécurité qui ravage le nord du pays, région la plus pauvre et la moins éduquée, soulignant le sentiment d’abandon des populations.
« Les homicides et les enlèvements sont devenus monnaie courante dans les états de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger », a déclaré Shehu Sani. « Les gouverneurs du Nord continuent de faire l’autruche, craignant de s’opposer au gouvernement fédéral et de prendre des mesures indépendantes pour protéger leur peuple ».
« Le Nord est devenu une région d’enterrements sans fin et de deuil perpétuel », a-t-il dit. « Les bandits du Nord sont devenus l’Etat, ils imposent des amendes et des taxes, envoient des avis, contrôlent les territoires ».
Le sénateur assure que « l’insécurité omniprésente dans le Nord est renforcée et entretenue par le silence (…) de ses élites autant que par l’inaction du Gouvernement ».