L’Irak a enregistré trois morts du nouveau coronavirus sur la seule journée de mercredi, les premiers décès enregistrés dans ce pays voisin de l’Iran, où l’épidémie a officiellement tué près de 100 personnes.
Bagdad a annoncé 35 cas de contamination au fil des jours. Mais, mercredi, l’épidémie de Covid-19 a tué pour la première fois dans ce pays de 40 millions d’habitants en pénurie chronique de médecins, de médicaments et d’hôpitaux.
En fin de journée, le ministère de la Santé a annoncé coup sur coup deux décès dans la capitale Bagdad: une personne qui souffrait de « déficiences immunitaires », puis un autre, « âgée de 65 ans et souffrant de diverses pathologies ».
Quelques heures plus tôt, un imam de 70 ans était mort à Souleimaniyeh (nord-est), au Kurdistan autonome, selon le porte-parole de la direction de la Santé de la province du même nom, le docteur Iyad al-Naqchabandi.
Cet imam, qui souffrait de problèmes cardiaques et respiratoires, avait été placé en quarantaine pour avoir contracté le virus, selon des sources médicales.
Les autorités religieuses de Souleimaniyeh ont interdit jusqu’à nouvel ordre les prières collectives, dont celle du vendredi. Le gouverneur de la ville, Haval Abou Bakr, a annoncé l’interdiction de tout rassemblement dans la province.
Jusque-là, la très grande majorité des Irakiens contaminés ont séjourné en Iran, mais dans le cas des trois morts de mercredi, les responsables n’ont pas précisé si cela était le cas.
L’Irak redoute particulièrement une épidémie dans les lieux saints chiites, où des pèlerinages réunissent des millions de fidèles venus notamment d’Iran.
Alors que les deux voisins entretiennent de très étroits liens économiques, commerciaux, politiques et religieux, l’Irak a fermé depuis le mois dernier sa frontière avec l’Iran, ainsi qu’avec le Koweït.
Plusieurs mausolées fréquentés chaque année par des millions de pèlerins chiites ont aussi fermé leurs portes, tout comme les écoles, universités, cinémas et autres lieux publics –jusqu’à la fin de la semaine.
Les voyages en Iran sont déjà interdits, de même que désormais vers huit autres Etats –dont la Chine, le Koweït, le Bahreïn ou l’Italie par exemple.
Chaque année, des millions d’Irakiens se rendent en Iran pour du tourisme ou se faire soigner dans les hôpitaux de la République islamique, tant le système de santé irakien est indigent –le pays compte, selon l’OMS, moins de 10 médecins pour 10.000 habitants.
Sur les réseaux sociaux la polémique ne cesse d’enfler avec de nombreux Irakiens partageant des récits d’hôpitaux ayant refusé de prendre en charge des patients disant présenter des symptômes similaires à ceux du nouveau coronavirus.