Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le Président du Niger, Mahamadou Issoufou, a rappelé, jeudi que seule une action internationale pourra rétablir la sécurité dans les régions africaines du Sahel et du bassin du lac Tchad et a fait part de sa préoccupation sur la situation au Mali.
« Le Niger est convaincu que les nombreuses menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales ne peuvent pas être résolues par les États pris individuellement, mais par une action collective de la communauté internationale », a déclaré M. Issoufou qui s’exprimait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale en sa qualité de chef d’Etat, la constitution nigérienne limitant à deux le nombre de mandats à la présidence du pays.
M. Issoufou s’est félicité du renforcement des capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et de sécurité au niveau national, de l’opérationnalisation de la Force mixte multinationale (Bénin, Cameroun, Niger, Nigéria et Tchad) dans le bassin du lac Tchad et de la Force conjointe du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).
« Pour un financement pérenne de celle-ci, je salue la proposition (du) Secrétaire général (de l’ONU) António Guterres, qui préconise de s’inspirer du modèle de la mission de l’Union africaine (UA) en Somalie (AMISOM) », a-t-il dit.
Pour le Président du Niger, la création de la coalition de lutte contre le terrorisme au Sahel, la mise en place d’un commandement conjoint pour toutes les forces militaires participantes dont celles françaises (Barkhane) et européennes (Takuba), le déploiement prochain par l’UA d’un contingent de 3.000 hommes, les initiatives de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), « sont autant d’éléments qui suscitent l’espoir d’une victoire sur notre ennemi commun : le terrorisme et le crime organisé ».
Mali : le Niger appelle à une transition dirigée par les civils
Niamey, qui préside le Conseil de sécurité des Nations Unies en ce mois de septembre, a fait part de sa préoccupation concernant l’évolution de la situation au Mali, après le coup d’État intervenu dans ce pays voisin le 18 août dernier.
« Le Niger et les autres pays de la CEDEAO sont pleinement engagés dans la recherche de solutions pour une sortie de crise au Mali », a affirmé M. Issoufou. Pour le chef d’Etat nigérien, une telle sortie de crise nécessite le retour des militaires dans leurs casernes et une transition dirigée par des autorités civiles.
« Au Mali, et sur l’ensemble de l’espace du G5 Sahel, nous avons besoin du multilatéralisme pour poursuivre le combat contre le terrorisme sous toutes ses formes en prenant dûment en compte les dimensions femmes et jeunes, parce que c’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme », a souligné M. Issoufou.
Le Président nigérien a rappelé que les enfants sont parmi les premières victimes des attaques terroristes qui ciblent les écoles dans la région du Sahel central où des milliers d’enfants sont privés d’éducation.
« Or, notre région n’a pas créé ces maux. Ils lui ont été imposés. Notre région est une victime », a rappelé le chef d’Etat, insistant sur le fait que la menace sécuritaire qui s’abat sur le Sahel n’est pas seulement une problématique locale mais une préoccupation de portée globale.
M. Issoufou a appelé à ce que les efforts sécuritaires et de développement consentis par les États du Sahel soient adéquatement accompagnés dans le cadre des aides bilatérales et multilatérales.
Le Président nigérien a également tenu à saluer les sacrifices consentis par les travailleurs humanitaires. Six d’entre eux ont été tués le 9 août dernier dans une attaque terroriste à une cinquantaine de kilomètres de la capitale Niamey.
« Je sais que la résolution 2175 de 2014 (du Conseil de sécurité portant sur la protection du personnel humanitaire) les protège mais cette protection doit être renforcée », a t-il dit. M. Issoufou a appelé à mettre en place un mécanisme de surveillance de communication de l’information et de sanctions concernant les attaques contre les humanitaires.