L’ancien vice-président américain Joe Biden est redevenu le favori des primaires démocrates à l’issue d’un « Super Tuesday » plein de surprises qui a bouleversé la donne en l’installant dans un duel de longue haleine avec le socialiste Bernie Sanders.
« On ne l’appelle pas +Super Tuesday+ pour rien! », s’est exclamé mardi soir depuis Los Angeles, en Californie, un Joe Biden visiblement revigoré après avoir remporté au moins neuf des 14 Etats en jeu lors de cette journée électorale déterminante.
Promettant d’être celui qui affrontera Donald Trump lors de la présidentielle de novembre, il s’est présenté comme un futur président capable de se « battre », mais aussi de « panser les plaies » des Etats-Unis, meurtris selon lui par « la haine et la division » semées par le milliardaire républicain.
L’ex-bras droit de Barack Obama, 77 ans, a créé la surprise en décrochant la victoire au Texas et en écrasant la concurrence en Virginie et en Caroline du Nord — soit, pour la seule journée de mardi, trois des quatre Etats qui fournissent les plus gros contingents de délégués pour la convention démocrate qui décernera, en juillet, l’investiture dans la course à la Maison Blanche.
Il a aussi gagné dans l’Alabama, l’Oklahoma, le Tennessee, l’Arkansas, le Minnesota et le Massachusetts. Il réalise ainsi un grand chelem dans les Etats du sud du pays et confirme être le champion des Afro-Américains, un électorat-clé côté démocrate.
– « Confiance absolue » chez « Bernie » –
En face, Bernie Sanders, considéré comme le favori depuis son démarrage en fanfare dans ces primaires, ne s’avoue pas vaincu. Il semblait bien placé pour remporter le plus gros Etat du « super mardi », la Californie, avec une avance de neuf points après dépouillement de 80% des bureaux de vote.
Il a aussi engrangé son petit Etat du Vermont et celui de l’Utah.
Les deux candidats étaient toujours au coude-à-coude mercredi matin dans le Maine mercredi matin.
« Je vous le dis avec une confiance absolue: nous allons emporter la primaire démocrate et nous allons battre le président le plus dangereux de l’histoire de ce pays », a lancé mardi soir « Bernie » devant une foule enthousiaste de son fief du Vermont.
Joe Biden revient de loin.
Longtemps ultra favori, il avait encaissé de piteux résultats lors des premiers scrutins en février, handicapé par une campagne terne et des dons parcimonieux.
Mais le vote de samedi en Caroline du Sud lui a permis de faire mentir les pronostics, qui le vouaient à une mort politique quasi-certaine: en s’imposant très largement dans cet Etat du Sud grâce au vote afro-américain, il a enclenché une dynamique nouvelle.
Et il a bénéficié ces derniers jours du désistement en sa faveur de deux autres candidats modérés: le jeune Pete Buttigieg, révélation de ces primaires, et la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar, qui lui a vraisemblablement permis de remporter cet Etat du Midwest où il n’avait quasiment pas fait campagne.
– Deux autres mardis électoraux –
Longtemps éparpillé avec de multiples candidatures, le camp modéré est donc désormais uni derrière Joe Biden pour faire barrage à Bernie Sanders.
Ses idées très à gauche pour les Etats-Unis, comme une assurance-maladie publique universelle, se sont peu à peu imposées dans l’électorat démocrate, mais la « révolution » prônée par le sénateur de 78 ans inquiète toujours une partie de l’establishment du parti.
Comme en 2016 face à Hillary Clinton, la chasse aux délégués pourrait donc durer.
Après mardi, selon les médias américains, Joe Biden, bien qu’en tête, ne dispose que d’environ 380 délégués, contre 315 à Bernie Sanders.
Or, il en faut 1.991 pour s’assurer l’investiture: le chemin est encore long. Il passera dès mardi prochain par six nouveaux Etats (Washington, Idaho, Michigan, Missouri, Mississippi et Dakota du Nord), puis, le 17 mars, par la Floride, l’Arizona, l’Ohio et l’Illinois.
Rien ne dit qu’un candidat aura une majorité absolue après ces scrutins, mais Joe Biden est désormais en position de force.
D’autant que l’autre candidat qui espérait porter les couleurs centristes est le grand perdant du « Super Tuesday ». Le milliardaire Michael Bloomberg, qui s’est lancé très tard dans la course mais avait investi sans compter son immense fortune personnelle pour percer.
Il n’a réalisé mardi que des résultats médiocres et devrait sortir de cette journée décisive avec très peu de délégués.
Selon plusieurs médias américains, il devait « réévaluer » mercredi l’avenir de sa campagne.
L’autre revers cruel est celui essuyé par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, qui a passé une très mauvaise soirée, perdant même dans son fief du Massachusetts.
Si elle n’a pas encore annoncé son retrait, son rêve de devenir la première présidente des Etats-Unis semble s’être définitivement envolé.