Niamey, 17 février 2025 – Dans l’arène des Assises Nationales pour la Refondation, la sous-commission chargée de la « paix, sécurité, cohésion sociale et réconciliation nationale » se trouve à la croisée des chemins. Dirigée par M. Idi Ango Omar, elle s’est attelée à un exercice périlleux : exhumer les vérités enfouies sous le poids des silences et des blessures historiques.
« Nous avons intérêt à dire la vérité », a-t-il lancé avec une gravité saisissante. Loin d’un simple vœu pieux, cette déclaration résume l’essence même des travaux menés. L’analyse des synthèses régionales et de la diaspora a permis de dresser un tableau sans fard de la situation sécuritaire du pays. Un diagnostic partagé par les gouverneurs de région, dont les témoignages ont révélé l’ampleur du défi.
Mais comment panser les plaies d’une nation fracturée ? La réponse réside dans une justice réhabilitée et une équité rétablie. M. Idi Ango Omar le martèle : « Il ne peut y avoir de cohésion sociale ni de réconciliation nationale si les injustices persistent, si les préjudices ne sont pas réparés et si certaines vérités demeurent occultées. »
L’aveu est rude, la tâche colossale. Et pourtant, une lueur d’espoir subsiste : « Nous sommes à un tournant. Le Niger a l’opportunité de redéfinir son destin. » Le pays n’a pas droit à l’échec. Il doit réconcilier sa mémoire avec son avenir pour garantir une paix véritable, où chaque citoyen trouve sa place et bénéficie équitablement des ressources nationales.
La refondation politique et institutionnelle : un pari audacieux
Au cœur du débat national, une autre sous-commission s’attelle à un chantier tout aussi fondamental : la refondation politique et institutionnelle. Sous l’impulsion de M. Nouhou Arzika, ce groupe de travail dissèque les failles du système de gouvernance pour en extraire des solutions viables.
L’exercice ne relève pas de la simple critique, mais d’une refonte systémique. « Nous analysons les causes profondes de la mal gouvernance pour proposer des solutions adaptées », explique M. Arzika. L’objectif est ambitieux : formuler un avant-projet de charte pour la transition et esquisser les contours d’un État réhabilité.
À travers des échanges intenses, nourris par les contributions des régions et de la diaspora, les membres de la sous-commission tracent un cap vers une souveraineté nationale affranchie des ingérences extérieures.
Mme Rabiou Fatimata Bizo, enseignante et représentante du Syndicat National des Universités et Grandes Écoles, insiste sur la responsabilité des universitaires dans cette entreprise. « Nous avons élaboré un dossier solide, riche en propositions concrètes pour une véritable refondation du pays », confie-t-elle.
La vision est claire : instaurer des institutions légitimes, autonomes et efficaces, capables de garantir une gouvernance transparente et responsable. « Le Niger doit redevenir maître de ses choix, affirmer sa souveraineté sans subir de pressions extérieures », résume M. Arzika.
Un tournant décisif pour l’avenir du Niger
Les Assises Nationales pour la Refondation ne sont pas un simple exercice intellectuel. Elles marquent un tournant décisif dans l’histoire contemporaine du Niger.
D’un côté, la quête de vérité et de justice pour une paix durable ; de l’autre, la refondation d’un système politique et institutionnel plus juste et souverain. Deux défis majeurs, mais complémentaires, qui redéfiniront les bases de la nation.
La route est encore longue, semée d’embûches et d’oppositions. Pourtant, une dynamique sans précédent est en marche. Le Niger se réapproprie son destin, avec pour boussole l’aspiration légitime de son peuple à un avenir où justice, équité et souveraineté ne seront plus de vains mots.
L’issue des travaux des différentes sous-commissions sera déterminante. Les conclusions et les recommandations qui en émergeront devront être suivies d’actions concrètes. Car, comme l’a rappelé M. Idi Ango Omar, « nous n’avons pas le droit d’échouer ».