Riyad, théâtre d’un dialogue diplomatique inédit entre Moscou et Washington - Journal du niger



Riyad, théâtre d’un dialogue diplomatique inédit entre Moscou et Washington

Riyad, 18 février 2025 — Dans un contexte international où chaque mot prononcé pèse de tout son poids, les négociations…

Les négociations à Riyad entre les délégations russe et américaine évoquent une possible redéfinition des rapports de puissance,

Riyad, 18 février 2025 — Dans un contexte international où chaque mot prononcé pèse de tout son poids, les négociations tenues à Riyad entre les délégations russe et américaine ont cristallisé l’attention des observateurs. Derrière des discours soigneusement calibrés, un frémissement diplomatique se dessine : celui d’une possible redéfinition des rapports entre les deux puissances.

Les négociations à Riyad entre les délégations russe et américaine évoquent une possible redéfinition des rapports de puissance, Des échanges feutrés mais denses

Les discussions, d’une durée excédant quatre heures, ont été l’occasion d’un échange approfondi sur la guerre en Ukraine et la relation tumultueuse entre Moscou et Washington. Officiellement, l’objectif n’était pas de négocier un cessez-le-feu immédiat, mais d’évaluer la sincérité de la Russie quant à une éventuelle désescalade.

« Nous avons convenu qu’une équipe distincte de négociateurs établirait des contacts en temps voulu », a déclaré Youri Ouchakov, conseiller en politique étrangère du Kremlin. Un choix de mots qui laisse entrevoir une volonté de maintenir des discussions ouvertes, sans pour autant précipiter un quelconque accord.

Kirill Dmitriev, directeur du fonds souverain russe, a quant à lui souligné le ton « constructif » du dialogue, contrastant avec l’attitude de l’administration Biden, qu’il accuse de ne jamais avoir cherché à comprendre la position de Moscou. Un langage soigneusement mesuré, qui traduit un changement de posture sans pour autant abandonner les lignes rouges russes.

Une rencontre Trump-Poutine ? Peu probable, mais pas exclu.

Si les spéculations allaient bon train sur une éventuelle rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, les déclarations de Youri Ouchakov sont venues refroidir ces ardeurs : « Une telle réunion est improbable pour l’instant. » Une prudence qui laisse néanmoins une porte entrebâillée, les discussions d’aujourd’hui étant susceptibles de clarifier les conditions d’une telle rencontre.

Les négociations à Riyad entre les délégations russe et américaine évoquent une possible redéfinition des rapports de puissance, L’Ukraine, grande absente des pourparlers à Riyad

Fait notable : aucune délégation ukrainienne n’était présente à Riyad. Absent des discussions saoudiennes, Volodymyr Zelensky a choisi Ankara pour rappeler que l’Ukraine reste un acteur incontournable. Sa troisième visite en Turquie depuis 2022 scelle une alliance pragmatique avec Recep Tayyip Erdogan, médiateur auto-proclamé et fournisseur clé de drones Bayraktar. Ensemble, ils ont inauguré une ambassade ukrainienne, symbole de résistance institutionnelle.

Tandis que de son côté, le Kremlin continue d’adopter une position ambiguë sur la légitimité de Volodymyr Zelensky à la tête de l’Ukraine. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a réaffirmé que le mandat de Zelensky était, selon Moscou, caduc. Une rhétorique qui alimente la tension et suggère que toute négociation future devra d’abord passer par une redéfinition du pouvoir en Ukraine.

Pourtant, en Ukraine, même les opposants jugent les élections impraticables en temps de guerre, une position que Moscou qualifie de « prétexte commode ». Une ironie cruelle : celui que la Russie dit illégitime est reçu en chef d’État par un allié de l’OTAN.

UE vs OTAN : le double jeu de Moscou  

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a distillé une nuance sémantique révélatrice : l’adhésion de l’Ukraine à l’UE serait un droit souverain, tandis que son entrée dans l’OTAN constituerait une menace existentielle. Une distinction qui révèle la stratégie russe : tolérer une intégration économique ukrainienne à l’Europe, à condition que Kiev renonce à toute alliance militaire. Pour Moscou, l’UE incarne un club technocratique ; l’OTAN, une épée dirigée vers son cœur.

Les négociations à Riyad entre les délégations russe et américaine évoquent une possible redéfinition des rapports de puissance, Les « irritants » : boîte de Pandore ou mise en scène ?

Les discussions de Riyad ont abouti à un engagement clé : l’accord sur la formation d’« équipes de haut niveau » pour traiter les points de friction bilatéraux entre Moscou et Washington ouvre plus de questions que de réponses. S’agit-il des dossiers sensibles tels que des cyberattaques, des ingérences électorales ou des litiges énergétiques, des sanctions économiques, des accusations d’ingérence ou encore de la présence militaire en Europe de l’Est ? Le département d’État américain reste évasif, préférant vanter « un pas important » vers la paix. Tammy Bruce, porte-parole, prévient : « Les appels téléphoniques ne suffisent pas ; il faut des actes. » Un avertissement voilé à l’adresse de Moscou, souvent accusé de privilégier le théâtre diplomatique aux concessions tangibles. Une chose est sûre : l’avenir des relations russo-américaines pourrait bien dépendre de la capacité des deux camps à réduire ces points de friction.

Les négociations à Riyad entre les délégations russe et américaine évoquent une possible redéfinition des rapports de puissance, Un dialogue pragmatique, mais fragile à Riyad

Si les négociations de Riyad marquent un pas vers une reprise du dialogue, elles n’effacent en rien les profondes divergences entre Moscou et Washington. La guerre en Ukraine demeure le principal point de blocage, et toute avancée concrète nécessitera plus qu’une simple volonté affichée.

Reste à voir si les engagements pris à Riyad se traduiront par des mesures tangibles ou s’ils ne resteront qu’un exercice diplomatique destiné à gagner du temps. Dans l’arène internationale, les intentions ne suffisent pas : seuls les actes comptent.

Riyad : assistons-nous aux prémices d’une nouvelle guerre froide ?

En excluant Kiev des négociations, Riyad a involontairement souligné le paradoxe central du conflit : parler de l’Ukraine sans l’Ukraine. Poutine se dit prêt à rencontrer Zelensky, tout en contestant sa légitimité : un double discours typique de la realpolitik kremlins.

Entre-temps, les « équipes de haut niveau » s’apprêtent à jouer aux échecs sur un échiquier miné. Leur succès dépendra d’un équilibre improbable : concilier les exigences de sécurité russes avec l’intégrité territoriale ukrainienne. En attendant, la guerre continue, et avec elle, son cortège de tragédies rappelle que les mots de Riyad ne suffiront pas à éteindre les bombes de Donetsk.

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