L’innovation technologique au service de la santé, particulièrement celle des enfants, fait ses premiers pas au Niger. La localité d’Illéla dans la région de Tahoua, a en effet abrité le mardi 26 mars dernier, la cérémonie de lancement officielle de l’initiative « mobile for Health » (mHealth), un service innovant de prise en charge des enfants malades à travers l’utilisation de la téléphonie mobile.
La cérémonie de lancement de l’initiative, riche en couleurs, a été rehaussée par la présence des représentants du ministère de la Santé publique, la représentante résidente de l’UNICEF au Niger, les autorités administratives et coutumières des départements d’Illéla, Badaguichiri et de la commune de Tajaé ainsi que les populations bénéficiaires venues en masse assistées à l’évènement.
L’innovation technologique au service de la santé des enfants
« mHealth », une initiative du ministère de la Santé publique avec le soutien de l’UNICEF, est un dispositif innovant basé sur l’usage de la téléphonie mobile pour assurer l’efficacité dans la collecte et la transmission instantanée des données sur la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant au niveau communautaire. En pratique, c’est une approche qui améliore l’accès aux soins des populations éloignées à travers l’offre de services curatifs, préventifs et promotionnels par des relais communautaires. Dans la pratique, « mHealth » permettra ainsi aux relais communautaires de collecter et de transmettre les données en temps réel aux chefs de CSI à travers le téléphone portable, et de lancer des alertes-SMS aux chefs de CSI sur l’état des stocks de médicaments, pour éviter les ruptures de stock, comme l’a déclaré Dr Sylla Mariama au nom de la Répresentante de l’Unicef au Niger. La mise en service de ce service d’application mobile s’inscrit dans la droite ligne du mécanisme de Prise en charge des maladies de l’enfant au niveau communautaire (ou PCIME-c), qui est une stratégie nationale destinée à contribuer à la réduction de la morbidité et la mortalité infanto-juvénile et qui se focalise sur leurs principales causes, notamment le paludisme, la diarrhée, la pneumonie et la malnutrition. Cette approche qui vise à améliorer l’accès aux soins des populations éloignées à travers l’offre de services curatifs, préventifs et promotionnels par des relais communautaires a été introduite au Niger depuis 2013. Depuis 2016, l’UNICEF a soutenu sa mise à l’échelle, et à ce jour, 28 des 72 districts du Niger mettent en œuvre cette stratégie. Toutefois, malgré l’efficacité prouvée de la PCIME-c, plusieurs goulots d’étranglement ont toutefois été relevés par les agents de santé, dont entre autres la faiblesse dans la collecte et la transmission des données sur la PCIME-c et les ruptures de stocks fréquentes. L’utilisation du téléphone cellulaire pour la santé (mHealth) a ainsi été retenue par le Ministère de la Santé comme une des solutions permettant d’accélérer les progrès dans ce cadre, d’autant qu’au Niger, seulement une personne sur deux a accès aux services de santé de base au Niger, en raison de la distance qui les sépare du premier centre de santé le plus proche.
Phase pilote
En prélude au lancement de l’initiative, 142 intervenants dans le secteur de la santé et au niveau communautaire ont ainsi été formés sur l’utilisation de cette technologie, dont une centaine de relais communautaires, 17 chefs de Centre de santé intégré (CSI) formateurs et superviseurs des relais communautaires et 5 membres de l’’équipe cadre du district d’Illéla. Selon la représentation de l’UNICEF, cette phase pilote d’introduction de l’initiative mHealth couvrira environ 165 villages, situés au-delà de cinq kilomètres des formations sanitaires dans la région de Tahoua, au niveau des trois communes du district sanitaire d’Illéla (Badaguichiri, Tajaé, Illéla). Ainsi, plus de 80. 000 enfants de moins de cinq ans seront ainsi couverts par cette initiative. « Seulement une personne sur deux a accès aux services de santé de base au Niger, en raison de la distance qui les sépare du premier centre de santé le plus proche. Les relais communautaires jouent ainsi un rôle crucial pour rapprocher les services de la population. Rien qu’en 2018, ils ont par exemple réussi à traiter plus de 97,000 cas de paludisme, près de 100,000 cas de diarrhées et près de 100,000 cas de pneumonie au niveau national », a indiqué Dr. Mariama Sylla. Au niveau du département d’Illéla, Dr Mariama Sylla a ajouté que pour l’année 2018, les relais communautaires dans les trois communes « ont traité près de 3000 cas de paludisme, 2500 cas de diarrhées et 3300 cas de pneumonie. Ils ont également dépisté et référé plus de 500 d’enfants malnutris ».
L’initiative « mHealth » arrive donc à point nommé pour prendre en charge les défis en matière de prise en charge efficace des enfants malades d’autant qu’elle a fait ses preuves es pays comme l’Uganda, le Malawi, la Zambie, le Rwanda ou encore le Burkina Faso. Des pays qui ont déjà testé ce système mHealth avec des résultats encourageants en termes de disponibilité des stocks, de transmission, de collecte et d’analyse des données – quelques semaines après le démarrage des activités.