Ségou (Mali) , 1ᵉʳ février 2025 – Alors que les harmattans assagis caressent les berges du Niger, Ségou, cité millénaire aux allures de phénix culturel, s’apprête à écrire un nouveau chapitre de son histoire. Du 3 au 9 février 2025, la ville vibrera au rythme de la Semaine de la fraternité de l’AES, un carrefour inédit où se mêleront enjeux stratégiques, effervescence artistique et diplomatie du vivre-ensemble. Sous le haut patronage du Général d’Armée Assimi Goïta, Chef de l’État malien, cette initiative tripartite entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger transcende les frontières pour sceller une alliance à l’épreuve des sables et des siècles.
Trois États, une trame commune
Placée sous le thème « Trois États souverains, un destin commun, un avenir prospère », cette semaine s’annonce comme un symposium des possibles. Loin des colloques feutrés, elle puise sa sève dans « Maliden Kura », programme présidentiel malien visant à ériger la culture en colonne vertébrale du développement. Ici, les discours se feront chorals, les expositions deviendront manifestes, et les danses traditionnelles, autant de métaphores dansées d’une unité en germination.
Culture Mali 2025 : un écosystème stratégique à Ségou
En marge du Ségou’Art-Festival sur le Niger, dont c’est la 21ᵉ édition, l’événement s’inscrit dans une vision à double détente. D’un côté, il s’agit de célébrer un patrimoine commun, ces mélodies touarègues, ces rythmes dogons ou ces contes peuls qui ignorent les tracés coloniaux. De l’autre, de bâtir une diplomatie culturelle capable de consolider l’Alliance des États du Sahel (AES), face aux défis sécuritaires et économiques.
Au programme : l’intelligence collective en marche
Les allées de Ségou se métamorphoseront en agora sahéloise. Au menu : des conférences auxquelles les mots auront la densité du baobab, selon les organisateurs, des expositions d’art contemporain mêlant bronzes burkinabè, tissages nigériens et bogolans maliens, ainsi que des spectacles nocturnes où les griots réinventeront les épopées. Les acteurs de la société civile, artisans de paix et entrepreneurs culturels, y croiseront les décideurs politiques pour penser en rhizomes plutôt qu’en silos.
Un laboratoire d’idées pour le Sahel
Au-delà des festivités, l’événement se veut un incubateur de souverainetés. Les discussions aborderont des sujets brûlants : autonomie alimentaire, gestion transfrontalière des ressources, ou encore synergies éducatives. Pour les analystes, cette fraternité affichée est un pari : prouver que l’AES, souvent perçue comme une alliance défensive, peut aussi enfanter des utopies concrètes.
Ségou, cité phare
Choix symbolique que cette ville, jadis capitale de l’Empire bambara, aujourd’hui épicentre d’une renaissance culturelle. En accueillant ce rendez-vous, elle incarne cette Afrique qui se réinvente sans se renier, selon les mots d’un organisateur. Les visiteurs découvriront aussi son marché aux poteries, ses ateliers de teinture à l’indigo et ces bibliothèques vivantes que sont ses vieux conteurs.
L’espérance en partage
Alors que le Sahel traverse une période de turbulences, la Semaine de la fraternité de l’AES se pose en contrepoint lumineux. « Nous ne nous contentons pas de survivre, nous voulons danser notre avenir », lance un artiste burkinabè, déjà en répétition. Entre les lignes, c’est tout un message adressé au monde : ici, la fraternité n’est pas un vœu pieux, mais un chantier à ciel ouvert.
Rendez-vous des possibles
Du 3 au 9 février 2025, Ségou ne sera pas qu’une destination, elle deviendra un verbe. Celui d’une Afrique sahélienne qui, en mêlant audace stratégique et ancrage culturel, entend faire de ses failles des fresques. À suivre, donc, ce chapitre dans lequel la fraternité se fait architecture.