Le président sud-soudanais Salva Kiir a rejeté vendredi les pressions internationales pour parvenir à un compromis avec le chef rebelle Riek Machar, à une semaine d’une date butoir pour la formation d’un gouvernement d’union.
Désormais fixée au 22 février, cette échéance a déjà été reportée à deux reprises en 2019, mais M. Kiir a réitéré son opposition à tout compromis sur le nombre d’États régionaux et leurs frontières, principale pierre d’achoppement des négociations.
« Cela ne peut pas marcher, parce qu’on ne peut pas résoudre des problèmes en en créant un autre », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de ses partisans à Juba, capitale de ce nouvel Etat, indépendant depuis 2011.
Depuis 2015, M. Kiir a fait passer le nombre d’États de 10 à 28 puis à 32, une mesure largement vue comme un moyen d’augmenter le nombre de ses alliés placés à des postes à responsabilités.
M. Machar souhaite revenir à 10 États, mais a également proposé, comme solution de compromis, une division en 21 États fondée sur les districts de la période coloniale britannique.
« Je lui ai dit: +Mon frère, qu’est-ce que tu vas faire des fonctionnaires des 32 Etats » si l’on en supprime 11, voire 22, a indiqué M. Kiir.
Riek Machar a pour sa part exclu de reprendre le poste de vice-président qu’il occupait avant le début du conflit si le nombre d’Etats restait inchangé.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait sommé le 8 février les dirigeants sud-soudanais de « respecter leur peuple » en parvenant à un compromis dans les délais.
« Pensez à votre peuple, respectez votre peuple, vous n’avez pas le droit de continuer la confrontation alors que votre peuple souffre tant », avait déclaré M. Guterres à Addis Abeba, à la veille du sommet de l’Union africaine (UA).
Le Forum de la société civile sud-soudanaise, une coalition de plus de 200 organisations, a appelé vendredi les parties à « ne pas laisser l’accord de paix (de septembre 2018, NDLR) s’effondrer uniquement pour un différend sur le nombre d’Etats ».
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en 2013, deux ans après son indépendance du Soudan, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.