Mise aux arrêts le 10 juin, la journaliste Samira Sabou a été accusée de diffamation à l’endroit du fils du président de la République du Niger.
La blogueuse en procès ce jour à Niamey est visée par une plainte pour diffamation déposée par Sani Mahamadou Issoufou, le fils et directeur adjoint du cabinet du président Mahamadou Issoufou. Pour rappel, il lui est reproché d »avoir injustement mis en cause Sani Issoufou dans l’affaire des surfacturations et des faux contrats au ministère de la Défense.
Amnesty international qui fustige cette action depuis le début, insiste sur le fait que cette affaire doit aboutir à « la libération inconditionnelle » de Samira Sabou.
Répondant à l’annonce de l’ouverture ce 14 juillet du procès de la journaliste et blogueuse nigérienne Samira Sabou, Kiné-Fatim Diop, chargée de campagne pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International a déclaré :
“Cette affaire est motivée par des raisons politiques et constitue une tentative de briser le journalisme indépendant dans un pays où la répression contre quiconque se prononce sur les allégations de détournements de fonds par le ministère de la Défense s’est intensifiée. »
“L’utilisation abusive de la loi sur la cybercriminalité sous le coup de laquelle Samira Sabou a été arrêtée augmente le risque que d’autres journalistes se censurent et s’abstiennent de faire leur travail légitime pour éviter des poursuites.
« Samira Sabou doit être libérée immédiatement et sans condition car elle est uniquement détenue pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.
“Tous les autres activistes des droits humains comme Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi arrêtés sur la base d’accusations forgées de toutes pièces doivent également être immédiatement libérés. »
Complément d’information
Samira Sabou, journaliste, responsable du site d’information Mides Niger et présidente de l’association des blogueurs du pays, a été inculpée pour diffamation par voie électronique le 10 juin et immédiatement transférée à la prison de Niamey, la capitale du pays. Son procès commence ce 14 juillet.
Sani Mahamadou Issoufou, fils du président du Niger et chef de cabinet adjoint de la présidence, a déposé une plainte contre Samira Sabou après qu’un utilisateur de Facebook ait mentionné le 26 mai son nom dans un commentaire qui répondait à une publication faite par la journaliste sur des allégations de corruption.
Samira Sabou n’a cependant pas mentionné le nom de Sani Mahamadou Issoufou dans sa publication. Elle n’aurait jamais dû être poursuivie pénalement pour des allégations de diffamation ni être détenue.
Le journaliste Ali Soumana, promoteur du journal Le Courrier a été arrêté et placé en garde à vue depuis le 12 juillet. Son arrestation serait également liée à une publication dans son journal sur l’affaire du détournement de fonds par le ministère de la Défense. C’est la troisième fois en moins de quatre ans que ce journaliste est inquiété dans l’exercice de son travail de journaliste.
Depuis près de deux ans, les journalistes et les défenseurs des droits humains au Niger sont la cible d’arrestations arbitraires répétées. Depuis le 15 mars, les militants Moudi Moussa, Halidou Mounkaila et Maïkoul Zodi sont détenus principalement sur la base d’allégations fabriquées, après qu’ils aient demandé l’ouverture d’une enquête sur les allégations de détournements de fonds par le ministère de la Défense.