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La surfacturation : un fléau qui sape les économies africaines

 L’Afrique, un continent riche en ressources, est souvent confronté à une pauvreté endémique. Ce paradoxe s’explique en partie par un phénomène pernicieux : la surfacturation au sein des gouvernements.

La surfacturation consiste à gonfler artificiellement le coût des biens et services publics, permettant ainsi à certains acteurs de détourner des fonds destinés à l’intérêt général. Ce phénomène, bien qu’il ne soit pas propre à l’Afrique, prend des proportions alarmantes, sapant les efforts de développement et accentuant les inégalités.

Les mécanismes de la surfacturation

Plusieurs mécanismes permettent de mettre en œuvre la surfacturation :

  • Les marchés publics truqués : Les appels d’offres sont souvent conçus pour favoriser certains prestataires, qui peuvent ensuite facturer des prix exorbitants.
  • Les commissions occultes : Les marchés sont attribués en échange de commissions sous la table.
  • La fausse déclaration des quantités ou de la qualité des biens et services :Les quantités livrées ne correspondent pas aux quantités facturées, ou la qualité des produits ne respecte pas les normes.
  • Les montages financiers complexes : Des sociétés écrans sont créées pour dissimuler les flux financiers et rendre les opérations opaques.

En plus, ces pratiques, qui érodent la confiance publique et sapent les fondements de l’économie équitable, sont monnaie courante dans les États africains, surtout dans les pays en chantier tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo, le Nigeria, pour ne citer que cela.

Les conséquences de la surfacturation

La surfacturation, fléau économique et social, saigne à blanc les ressources des populations, entravant le développement des infrastructures vitales telles que l’éducation et la santé, et alimentant ainsi le cycle infernal de la pauvreté.

Ce phénomène corrosif érode également les fondements du progrès économique, repoussant les investisseurs potentiels, tant locaux qu’internationaux, par le spectre de la corruption omniprésente.

Plus insidieuse encore est la crise de confiance qu’elle engendre au sein de la population, minant la crédibilité des institutions publiques et semant les germes d’une instabilité sociale potentiellement explosive. La lutte contre la surfacturation s’impose donc comme un impératif catégorique pour garantir l’intégrité économique et la cohésion sociale.

Les solutions pour lutter contre une facturation excessive

Dans une démarche résolue pour éradiquer le fléau de la surfacturation, des mesures radicales s’imposent. La transparence doit être le pilier de cette révolution, avec l’instauration de dispositifs rigoureux de contrôle et de suivi des dépenses de l’État, la publication systématique des appels d’offres et des contrats publics, ainsi que la stimulation de l’engagement citoyen.

Parallèlement, la lutte contre l’impunité s’avère cruciale : il est impératif de traduire en justice et de punir sévèrement tout individu coupable de surfacturation, sans égard pour son rang ou son statut. En outre, il est essentiel de consolider les compétences des institutions, en assurant une formation adéquate des fonctionnaires en charge des finances publiques et en renforçant l’autorité et les ressources des organes de contrôle.

Enfin, la promotion d’une gouvernance intègre doit passer par la mise en place de dispositifs de contrôle par les citoyens et la mobilisation active des organisations de la société civile. En cas d’adoption de ces mesures, cela pourrait représenter un tournant majeur dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion des fonds publics.

En somme, La lutte contre la surfacturation est un combat de longue haleine qui nécessite la mobilisation de tous les acteurs de la société : gouvernements, organisations de la société civile, secteur privé et citoyens.

La Banque Mondiale finance pour 470 millions de dollars l’intégration régionale et les débouchés économiques au Burkina Faso, au Niger et au Togo

L’Association internationale de développement (IDA, du Groupe de la Banque Mondiale) va débloquer 470 millions de dollars pour aider le Burkina Faso, le Niger et le Togo à mener à bien leurs efforts d’amélioration de la connectivité régionale, de la sécurité et des débouchés économiques sur l’axe Lomé-Ouagadougou-Niamey, le corridor routier qui relie les trois capitales et des millions de personnes le long de ses 1 065 km.

L’annonce a été faite ce 15 juillet 2021 par le Conseil des administrateurs de la Banque Mondiale. Le Projet de corridor économique Lomé-Ouagadougou-Niamey (LON) stimulera la collaboration entre les trois pays dans le but d’améliorer la qualité des services de transport le long de cet axe, de développer les infrastructures sociales et économiques et de renforcer la résilience face aux menaces sécuritaires et climatiques.

Il a pour objectif de dynamiser le commerce entre les trois pays et de réduire les délais de transport des marchandises importées et exportées depuis le port de Lomé.

En effet, indique-t-on, c’est sur cet axe que se concentre une très grande partie des habitants et des activités, notamment 28% du PIB et 7% de la population du Niger, 40% du PIB et 21% de la population du Burkina Faso et 72% du PIB et 65% de la population du Togo.

« Le corridor LON revêt une importance stratégique pour le Burkina Faso, le Niger et le Togo, et nous sommes déterminés à aider ces pays à libérer tout leur potentiel économique », déclare Mme Anne-Cécile Souhaid, Spécialiste senior des transports à la Banque Mondiale et responsable de l’équipe du projet.

Elle précise que « ce projet facilite la coopération régionale en combinant un soutien aux réseaux de transport et de commerce avec des réformes institutionnelles et des services logistiques pour relever collectivement les défis communs aux pays participants ».

L’un de ces défis réside dans la complexité de la coordination de multiples institutions et parties prenantes dans les trois pays, dont l’implication et les capacités sont inégales. De ce fait, les blocages opérationnels, institutionnels et de gouvernance entravent la logistique et les chaînes d’approvisionnement transfrontalières. En outre, les récents conflits et la fragilité de la région ajoutent aux difficultés de l’intégration régionale et du commerce.

Le projet LON remédiera donc à bon nombre de ces problèmes en aidant à simplifier et optimiser les procédures douanières, à professionnaliser les acteurs du transport et à améliorer le système de gestion des données de transport ainsi que la sécurité routière.

En outre, le temps d’acheminement du fret entre le port de Lomé et Niamey sera raccourci de 25% et le délai de passage des frontières par les camions sera réduit de 62% entre le Togo et le Burkina Faso, et de 54% entre le Burkina Faso et le Niger.

La croissance solide et inclusive insufflée par le projet bénéficiera à des millions de personnes dans la région et contribuera à réduire les disparités entre les sexes. Ainsi, il est prévu que le pourcentage de femmes parmi les professionnels du secteur routier commercial et de la logistique passe de zéro à 15%.

Par ailleurs, des méthodes climato-intelligentes seront appliquées pour réhabiliter les voies d’accès, de même que les postes de santé, les écoles et les centres d’information pour les femmes dans les zones mal desservies et affectées par les conflits.

A plus long terme, les populations des pays enclavés que sont le Niger et le Burkina Faso seront moins isolées économiquement grâce à une meilleure compétitivité du corridor LON, à l’expansion des marchés régionaux et à un accès facilité aux marchés mondiaux.

L’amélioration de la connectivité profitera également aux entreprises et aux petits producteurs de la région. Ils deviendront plus productifs et compétitifs et pourront plus facilement se procurer les intrants nécessaires et accéder aux marchés régionaux et mondiaux pour vendre leurs produits.

Enfin, les populations – en particulier les opérateurs du secteur des transports – bénéficieront du renforcement de la sécurité routière et de la sûreté le long du corridor, de meilleurs services techniques pour l’entretien des véhicules et du relèvement de la qualité des normes professionnelles.

ANP

L’économie de Maradi fortement touchée par la fermeture de la frontière avec le Nigéria

(Agence Nigérienne de Presse)_ Le 20 Août dernier, la République Fédérale du Nigéria avait pris la décision de fermer toutes ses frontières avec les pays voisins. Officiellement, les raisons avancées sont d’ordre économique, le Nigéria étant étouffé par toutes sortes de contrebandes à partir des pays voisins, et qui nuisent dangereusement à son économie.

Aujourd’hui, un peu plus de deux (2) mois  que cette fermeture de frontières est en vigueur, les conséquences  se font déjà  sentir dans la région de Maradi qui exporte vers le Nigéria des produits agricoles et du bétail et importe plusieurs produits manufacturés  et des denrées comme le maïs.

Selon une étude de suivi d’impact de la fermeture de la frontière menée par la Direction Régionale du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé de Maradi,  dans la 1ère décade du mois d’octobre, l’économie de la région est durement  touchée car très dépendante de ses exportations vers le Nigéria. En effet, depuis quelques semaines,  on assiste à une baisse des prix des produits agricoles faute de débouchés.
Le chiffre d’affaire de producteurs et commerçants de céréale est en constante baisse. Par exemple, l’année dernière à la même période, la mesure (tia) de niébé coûtait 850 FCFA alors qu’aujourd’hui la même tia est vendue à 550 FCFA, soit une baisse de 32%. Idem pour le souchet qui stagne sur les marchés nigériens avec à la clé une mévente à cause de la surabondance.

Les marchés frontaliers du Département d’Aguié connaissent une baisse d’affluence sans précédent. Les quelques rares acteurs qui arrivent à fréquenter les marchés contournent  la fermeture par de nombreuses pistes difficilement contrôlables qui existent tout au long de la frontière.
En termes de recettes de taxes de marché dans la commune de Dan Issa (localité frontalière), elles ont chuté de plus de 50%. Pour le transport des marchandises par les gros camions, le trajet s’arrête  non loin de la frontière quel que soit le côté où l’on se trouve. Les transporteurs procèdent au transbordement à distance avec les petits véhicules comme relais. La marchandise est transférée dans un autre  camion similaire situé de l’autre côté de la frontière par des petits véhicules adaptés aux pistes de contournement ou à moto.
Un autre rapport de la Direction Régionale du Commerce et de la Promotion du Secteur privé  de Maradi fait ressortir la baisse drastique des recettes douanières au niveau du bureau des Douanes de Dan Issa. Ainsi, pour la période du 1er au 10 août 2019, sur une prévision de 78.096.805 FCFA, ce sont 18.554.797 FCFA qui ont pu être encaissés, soit 23,75%. Du 1er au 10 septembre 2019,  sur une prévision de 157.754.584 FCFA, 13.278.308 FCFA a été encaissé, soit 8,41%. Le prix des céréales comme le sac de  maïs a connu une hausse de 5% (de 15.750 à 17.500 FCFA).