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Le président Emmanuel Macron rend hommage aux victimes de l’attaque terroriste du camp militaire d’Inatès

Le président français Emmanuel Macron en visite au Niger dans l’après- midi du dimanche 22 décembre s’est rendu au carré des martyres de la base aérienne 101 de Niamey, en compagnie de son homologue du Niger M. Issoufou Mahamadou pour s’incliner et se recueillir sur les tombes des 71 militaires nigérien tués suite à l’attaque par les terroristes , le camps militaire de Inatès le mardi 10 décembre dernier .
Le président Issoufou Mahamadou et Emmanuel Macron ont eu un entretien tête à tête au menu la préparation du sommet de peau le 13 janvier prochain.
Les deux présidents ont par la suite Co-animé une conférence de presse dominée par la situation sécuritaire dans le sahel.
Lors de cette conférence, le Président français a souligné avoir tenu à venir ‘’s’incliner devant les dépouilles de vos soldats tombés le 10 décembre dernier à Inatès, témoigner le respect que nous leur devons, notre solidarité pour leurs familles comme pour vos armées et pour toute la Nation’’.
Prenant la parole, le Président de la République Mahamadou Issoufou a indiqué que ‘’rendre visite à ceux qui sont dans le deuil est l’acte le plus apprécié, c’est pour cela, a-t-il notifié, que cette visite va directement aux cœurs des nigériens et confirme l’engagement de la France à nos côtés dans la guerre contre le terrorisme, cette guerre dans laquelle des hommes meurent de tous les côtés’’.
Mahamadou Issoufou a rappelé qu’ ‘’il y a de cela quelques semaines la France a perdu 13 de ses soldats et nous, nous avons perdu 71 de nos soldats et le sacrifice de ces soldats et de toutes les victimes civiles et militaires du terrorisme ne doit pas être vain’’.
‘’Et c’est pour cela, que nous sommes déterminés à poursuivre la lutte jusqu’à la victoire finale, jusqu’à vaincre le terrorisme’’, a-t-il ajouté.
‘’A notre niveau, nous essayons de renforcer les capacités de nos FDS, leurs capacités opérationnelles, leurs capacités de renseignement, au niveau national et au niveau régional, nous essayons de renforcer les capacités de la force conjointe de G5 Sahel et également les capacités de la force mixte multinationale qui se bat contre le Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad, nous essayons également de mobiliser la solidarité à l’échelle de la CEDEAO’’, a affirmé le Président Issoufou.
Mahamadou Issoufou a par ailleurs souligné que ‘’pas plus tard qu’hier, à l’occasion de son 56ème  Sommet ordinaire, la CEDEAO a décidé la montée en puissance de sa force en attente qui, dès qu’elle sera prête aux côtés du sahel, des forces conjointes pour mener ensemble cette guerre contre l’ennemis, pour pouvoir vaincre le terrorisme au sahel et dans le bassin du Lac Tchad, il faudra qu’on renforce nos alliances notamment avec la France, les autres pays amis’’.
Le Président de la République a enfin remercié son homologue français pour tout ce qu’il fait pour mobiliser l’opinion européenne sur cette guerre que nous menons au sahel.
A l’issue de cette conférence, les deux Présidents ont visité le Centre de Commandement des opérations Barkhane en compagnie du Président de l’Assemblée Nationale Ousseini Tinni et du Premier Ministre Brigi Rafini.

Les Présidents Macron et Issoufou tentent de mobiliser contre le jihadisme au Sahel

 Les présidents français Emmanuel Macron et nigérien Mahamadou Issoufou se sont voulus mobilisateurs dimanche à Niamey pour renforcer la lutte contre le jihadisme au Sahel, au cours d’une cérémonie d’hommage aux 71 militaires nigériens tués par des jihadistes en décembre

M. Macron bouclait par un détour au Niger une visite de 48 heures en Côte d’Ivoire où il a acté la fin du Franc CFA qui laissera la place en 2020 à l’Eco.

Il s’est incliné devant les tombes des soldats nigériens moins d’un mois après s’être recueilli devant les cercueils des 13 soldats français tués au cours d’un accident d’hélicoptères au Mali, en zone de combat. Le président français a ensuite à nouveau tenu un discours volontaire au risque de froisser encore ses alliés.

« Nous sommes à un tournant de cette guerre. Il nous faut (…) redéfinir plus clairement les objectifs » à l’occasion du sommet de Pau (sud-ouest de la France) le 13 janvier, a affirmé le président Macron.

« Il faut définir de manière beaucoup plus claire les objectifs militaires, politiques et de développement pour les 6, 12 et 18 prochains mois », a-t-il insisté.

« Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-français Je ne peux pas accepter d’envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande (de présence française) n’est pas clairement assumée », a poursuivi Emmanuel Macron.

« Quand il parle de clarification, le président Macron vise IBK (Ibrahim Boubacar Keita, le président malien) et Kaboré (Roch Marc Christian Kaboré, le président burkinabè) », avait récemment précisé une source sécuritaire à l’AFP.

Sur la même longueur d’ondes que Macron, le président Issoufou a révélé que la France et les pays du Sahel lanceraient à Pau « un appel à la solidarité internationale pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat ».

Il a rappelé que le Niger consacrait « 19% de ses ressources budgétaires dans le combat contre le terrorisme », soulignant aussi que la « France emploie beaucoup de ressources ».

Menace planétaire

« La menace du terrorisme est une menace planétaire, elle nécessite une riposte à l’échelle de la planète », a-t-il poursuivi. « Si les Européens ne s’engagent pas, ils auront à faire cette guerre sur leur territoire », a-t-il lancé.

Les deux présidents se sont embrassés à deux reprises au cours d’une cérémonie empreinte d’émotion. Le président Macron a souligné que les soldats français et nigériens étaient des « frères d’armes » et lancé : « Nous sommes là aujourd’hui pour nous incliner devant vos martyrs, nous serons la demain pour célébrer les victoires ».

L’invitation par le président français au sommet de Pau avait été mal ressenti par beaucoup, certains y voyant une « convocation » teintée d’attitude néo-coloniale.

Le président Keïta a semblé faire allusion à cette tension samedi sur TV5, en indiquant que les pays unis dans la force militaire G5 Sahel souhaitaient « un partenariat respectable et respectueux ». De source diplomatique, tous les pays devraient toutefois être présents à Pau.

Avant d’arriver à Niamey, le président Macron s’était également recueilli en hommage à des soldats tués, cette fois à Bouaké, deuxième ville de Côte d’ivoire et ancienne capitale de la rébellion.

Hommage aussi à Bouaké

Neuf soldats français et un Américain y avaient été tués en 2004, par un bombardement de l’armée ivoirienne. Un épisode charnière de la décennie de crise ivoirienne et un dossier qui garde de nombreuses zones d’ombre.

Les présidents Macron et Ouattara ont dévoilé une stèle et déposé des gerbes aux couleurs ivoiriennes et françaises. Cet acte doit « œuvrer à l’essentiel travail de réconciliation dont la République de Côte d’Ivoire a tant besoin et qui est le chemin sur lequel elle avance », avait dit M. Macron la veille.

Les dernières heures de M. Macron, en Côte d’Ivoire ont été plus festifs avec un accueil par des dizaines de milliers de personnes.

« ADO ! ADO ! Macron ! Macron ! », scandait la foule en honneur au président français et son homologue ivoirien Alassane Dramane Ouattara, dit « ADO ».

« C’est la première fois depuis que la Côte d’Ivoire existe qu’un président français vient à Bouaké. Et il vient pour construire notre marché, seul lieu d’activité à Bouaké », a jubilé Sanata Traoré, commerçante, devant le futur marché dont M. Macron a posé la première pierre.

D’un coût de 60 millions d’euros, financé par la France, le site, qui sera le plus grand marché couvert d’Afrique de l’Ouest, rassemblera 8.500 commerçants sur près de 9 hectares.

Objectif : relancer l’activité économique jadis florissante et faire oublier le passé de Bouaké, ville de casernes régulièrement secouée par des mouvements de grogne de militaires.

Les deux présidents ont posé la première pierre lors d’une cérémonie expédiée au pas de course. Le temps, tout de même pour le président Macron de recevoir en cadeau un… cheval.

Après l’étape nigérienne, Emmanuel Macron est reparti dimanche en début de soirée pour la France.

 

L’invitation de Macron aux présidents du G5 Sahel passe mal

Emmanuel Macron parle d’invitation. Mais le message du président français conviant cinq homologues africains à une réunion autour de l’engagement antijihadiste de la France au Sahel a été perçu comme une dégradante « convocation » par beaucoup dans les pays concernés.

M. Macron l’a annoncé le 4 décembre: il a invité les présidents du Mali, du Burkina Faso, du Niger, du Tchad et de la Mauritanie à le retrouver le 16 décembre à Pau, la ville du sud-ouest de la France où étaient basés sept des 13 soldats de la force antijihadiste Barkhane tués le 25 novembre au Mali.

Il a fermement réclamé de la « clarté » de la part de ses homologues sahéliens sur la présence française au moment où celle-ci suscite une contestation grandissante. Il a évoqué des manifestations antifrançaises, mais aussi des prises de position de ministres et « l’ambiguïté » dont feraient preuve certains gouvernements sahéliens. Il a paru désigner en particulier le Mali et le Burkina.

M. Macron attend de ses hôtes qu’ils « assument » publiquement auprès de leurs opinions le fait que les soldats français sont au Sahel à la demande des pays concernés, et non pas pour des « visées néocoloniales ». C’est une « condition nécessaire » et il tirera les conséquences si elle n’est pas remplie, a-t-il ajouté.

Barkhane lutte contre les mouvements jihadistes qui se sont multipliés depuis 2013 et ont étendu leur champ d’action du nord au centre du Mali et aux Niger et Burkina voisins. Les morts de cette guerre asymétrique se comptent par milliers, les déplacés par centaines de milliers.

A Bamako, Ouagadougou ou Niamey, une partie des opinions s’agace de l’incapacité imputée aux forces nationales et internationales à venir à bout des mouvements jihadistes, quand elle n’attribue pas la dégradation sécuritaire à la présence même des troupes étrangères.

Le ministre burkinabè de la Défense Cheriff Sy s’était lui-même « étonné », dans l’hebdomadaire sud-africain Mail&Guardian en juin, que les Français, avec les quelque 4.500 hommes de Barkhane et leurs moyens, « n’aient pas été en mesure d’éradiquer cette bande de terroristes ».

– « Paternaliste » –

Dans un contexte de tensions exacerbées par les violences, l’ancienne puissance coloniale fait une cible toute désignée, a fortiori quand elle est la force étrangère en première ligne. Le ton employé par le président français heurte d’autant plus.

« On aurait dit un appel du papa à ses enfants, c’est paternaliste, c’est pas possible! », lance Ali à ses camarades, au « Grin » à Bamako, lieu d’échanges autour d’un thé, souvent dans la rue. « Insultant », renchérit Georges, un autre consommateur.

« Roch (Marc Christian Kaboré, président du Burkina) aurait appris la convocation comme tout le monde, dans la presse apparemment, tu te rends compte! », enchaîne un camarade d’Ali. Ce que le président burkinabè a effectivement semblé indiquer lui-même.

L’amicale des anciens ambassadeurs et consuls généraux du Mali a jugé le procédé de M. Macron « particulièrement discourtois ».

« Espérons que quelqu’un, parmi les chefs d’État convoqués, aura le courage de dire (à M. Macron) que la meilleure façon de les griller aux yeux de l’opinion c’est justement de les convoquer de cette façon », a réagi auprès de l’AFP Moussa Tchangari, une figure de la société civile du Niger.

Ibrahim Maïga, chercheur malien à l’Institut des études de sécurité (ISS) à Bamako, convient que l’invitation « sonne comme une convocation » et que davantage d’écoute et de partage avec les partenaires sahéliens aurait peut-être été préférable.

– « Incohérences, inconséquences » –

Il a « le sentiment que le message s’adresse davantage aux Français » et à leur armée. Depuis 2013, 41 soldats français ont été tués au Mali. La mort récente de 13 militaires a causé un choc dans un pays dont l’armée n’avait pas subi d’aussi lourdes pertes depuis 1983 au Liban, et a soulevé des questions sur l’engagement au Sahel.

Paris connaît l’existence de longue date de sentiments antifrançais dans la région. Mais il fait ressentir son exaspération alors qu’à l’apparente impuissance des autorités nationales au Sahel s’ajoute par exemple la participation de députés maliens à la contestation. En novembre, l’état-major burkinabè, lui, mettait en garde les avions français qui survoleraient intempestivement le territoire.

Par ailleurs, la France fait depuis plusieurs mois des appels du pied à ses alliés européens pour qu’ils s’impliquent davantage dans la crise sahélienne. Le président français a indiqué vouloir repenser Barkhane « dans les prochaines semaines ».

Dans une lettre ouverte, l’ancien ministre des affaires étrangères burkinabè Ablassé Ouedraogo a lui aussi trouvé le ton de M. Macron « agacé et agaçant, voire autoritaire ». Mais, ajoute-t-il, il faut « reconnaître que par cet acte, le président français tape du poing sur la table et met nos gouvernants face à leurs responsabilités, à leurs incohérences et à leurs inconséquences ».

Des nigériens mécontents de la convocation d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a « convoqué » les Chefs de l’Etat du G5 Sahel, le 16 décembre à Pau afin qu’ils viennent clarifier leur position quant à l’appel au départ des forces françaises. Une convocation reçue comme étant de mauvais goût, de la part des populations au Niger.

En effet, face à la contestation populaire contre la présence des forces armées étrangères au Sahel, en particulier celle de la force Barkhane, le président français Emmanuel Macron a annoncé avoir convoqué les chefs d’Etat des pays du G5 Sahel pour le 16 décembre à Pau, afin qu’ils viennent clarifier leur soutien à la présence des militaires français. Mais ces propos ont été très mal accueillis par certains nigériens qui estiment qu’ils sont méprisants.

Selon Moussa Tchangari, président de l’association Alternative espaces citoyens, une organisation de la société civile du Niger, « Si Emmanuel Macron convoque les chefs d’Etat pour leur dire : venez clarifier vos positions, alors que c’est avec eux que tout cela a été organisé, et que ceux-ci acceptent, alors cela signifie qu’il ne souhaite pas qu’ils refusent ».

Toujours selon Tchangari, le président français souhaiterait que « les chefs d’Etats lui donnent les garanties qu’ils prendront des dispositions pour empêcher les critiques contre la présence des forces militaires françaises. Donc c’est un défi et un recul sur le plan démocratique. De ce point de vue, c’est grave, il a été vraiment très mal inspiré« .

Cependant bien que le porte-parole de l’ONG « Tournons la page », Issa Garba, ne soit pas d’accord avec le déplacement du Chef de l’Etat, cette rencontre représenterait selon lui, une occasion pour les chefs d’Etat africains, d’affirmer la souveraineté de leur pays. « Le président Mahamadou Issoufou ne devrait même pas envoyer Abba (son directeur de cabinet et par ailleurs son fils, ndlr) à cette réunion. Ma conviction est que Issoufou ne devrait même pas y aller. Il n’a pas de compte à rendre à Macron. Quand Sarkozy (ancien président français) avait des problèmes au Niger, il s’était déplacé. C’est lui (le président Macron) qui a des intérêts au Niger. Mais nous, quels intérêts avons-nous en France ? On n’a rien, on n’a aucune société nigérienne qui y opère. Ce sont eux qui ont des sociétés ici », s’emporte Issa Garba qui souhaiterait plutôt voir Emmanuel Macron venir rencontrer ses homologues africains « en Afrique ».

Le gouvernement nigérien ne s’est pas encore exprimé officiellement suite aux déclarations d’Emmanuel Macron. Le Front de l’opposition indépendante maintient pour sa part ses premières déclarations : « les forces militaires étrangères doivent quitter le Niger ».

A l’Assemblée nationale du Niger, aucun député n’a accepté de se confier à la DW. Cependant, un élu de la Majorité, qui a requis l’anonymat, estime que c’est une affaire qui ne concerne que l’exécutif car celui-ci n’a jamais sollicité l’avis du parlement pour autoriser la présence des forces étrangères au Niger.