G5 Sahel Archives - Journal du niger

Le président Issoufou a regagné Niamey après le sommet G5 Sahel à Nouakchott

Le Président de la République, SE. Issoufou Mahamadou a regagné Niamey hier mercredi, après avoir pris part au Sommet des Chefs d’Etat du G5 Sahel à Nouakchott en Mauritanie.

Le Président Issoufou était accompagné dans ce déplacement de M. Ouhoumoudou Mahamadou, Ministre, Directeur de Cabinet du Président de la République, M. Kalla Ankouraou, Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur et M. Issoufou Katambé, Ministre de la Défense Nationale.

Pour rappel, les Chefs d’Etat des 5 pays membres du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), ainsi que le président français Emmanuel Macron se sont retrouvés à ce sommet avec d’autres partenaires. Ils y ont fait le point sur les avancées enregistrées dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, six mois après le Sommet de Pau en France.

Dans le communiqué final du sommet, les Chefs d’Etat du G5 Sahel se sont félicités des progrès enregistrés dans la lutte contre le terrorisme. Ils ont salué l’amélioration de la coordination entre les acteurs et les initiatives prises par les différents partenaires.

Ils ont en outre invité la Communauté internationale à libérer l’ensemble des fonds promis lors du Sommet de Nouakchott du 6 décembre 2018. Ils ont également plaidé pour un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel et réitéré leur demande pour un financement pérenne de la Force conjointe du G5 Sahel, ainsi que l’octroi d’un mandat sous le Chapitre VII de la charte des Nations-Unies.

De retour au Niger, le Chef de l’Etat a été accueilli par le Premier ministre, M. Brigi Rafini, avant d’être salué par les présidents des Institutions de la République, les membres du gouvernement et ceux du corps diplomatique ainsi que par plusieurs personnalités civiles et militaires.

La France annonce de nouvelles opérations entre le Mali, le Niger et le Burkina

La France et ses alliés prévoient agir dans les semaines à venir, en vue d’empêcher l’expansion des forces djihadistes dans la zone dite des trois frontières.

La ministre française des Armées Florence Parly a annoncé lundi à Bamako de nouvelles opérations militaires à venir dans la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger). « De nouvelles opérations vont se développer dans les prochaines semaines dans cette zone très particulière des trois frontières », a dit Florence Parly à des journalistes après avoir été reçue avec ses homologues suédois, estonien et portugais par le président Ibrahim Boubacar Keita. Elle n’a pas fourni plus de précisions.

La ministre était en visite dans la sous-région pour mettre en œuvre les conclusions du sommet de Pau, qui a réuni une semaine plus tôt le président français Emmanuel Macron et ses homologues du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina, Tchad et Mauritanie) confrontés à l’escalade des violences djihadistes. Avant d’arriver au Mali lundi, elle était au Tchad. Sa visite a coïncidé avec un attentat suicide portant la marque de Boko Haram qui a tué neuf civils dans la province du lac Tchad.

« Coalition pour le Sahel »

A Pau, les présidents avaient affirmé leur volonté de faire porter l’effort militaire sur la région des trois frontières – effort en réalité déjà en cours selon les experts – où se sont concentrées les attaques meurtrières des djihadistes ces derniers mois. Ils avaient désigné le groupe « Etat islamique au grand Sahara » comme l’ennemi prioritaire.

Le sommet de Pau, censé resserrer les liens face à un sentiment anti-français de plus en plus palpable dans les pays concernés, avait aussi débouché sur l’annonce de la création d’une « coalition pour le Sahel » rassemblant le G5 Sahel, la France, les autres partenaires déjà engagés et tous les pays qui voudront s’y joindre.

Cette coalition comprendrait le groupement de forces spéciales européennes Takuba auquel Paris s’emploie à rallier plusieurs pays. L’Estonie, qui participe déjà à la mission antijihadiste française Barkhane avec 50 hommes, s’est engagée à en fournir une quarantaine d’autres pour Takuba.

 

Des nigériens mécontents de la convocation d’Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a « convoqué » les Chefs de l’Etat du G5 Sahel, le 16 décembre à Pau afin qu’ils viennent clarifier leur position quant à l’appel au départ des forces françaises. Une convocation reçue comme étant de mauvais goût, de la part des populations au Niger.

En effet, face à la contestation populaire contre la présence des forces armées étrangères au Sahel, en particulier celle de la force Barkhane, le président français Emmanuel Macron a annoncé avoir convoqué les chefs d’Etat des pays du G5 Sahel pour le 16 décembre à Pau, afin qu’ils viennent clarifier leur soutien à la présence des militaires français. Mais ces propos ont été très mal accueillis par certains nigériens qui estiment qu’ils sont méprisants.

Selon Moussa Tchangari, président de l’association Alternative espaces citoyens, une organisation de la société civile du Niger, « Si Emmanuel Macron convoque les chefs d’Etat pour leur dire : venez clarifier vos positions, alors que c’est avec eux que tout cela a été organisé, et que ceux-ci acceptent, alors cela signifie qu’il ne souhaite pas qu’ils refusent ».

Toujours selon Tchangari, le président français souhaiterait que « les chefs d’Etats lui donnent les garanties qu’ils prendront des dispositions pour empêcher les critiques contre la présence des forces militaires françaises. Donc c’est un défi et un recul sur le plan démocratique. De ce point de vue, c’est grave, il a été vraiment très mal inspiré« .

Cependant bien que le porte-parole de l’ONG « Tournons la page », Issa Garba, ne soit pas d’accord avec le déplacement du Chef de l’Etat, cette rencontre représenterait selon lui, une occasion pour les chefs d’Etat africains, d’affirmer la souveraineté de leur pays. « Le président Mahamadou Issoufou ne devrait même pas envoyer Abba (son directeur de cabinet et par ailleurs son fils, ndlr) à cette réunion. Ma conviction est que Issoufou ne devrait même pas y aller. Il n’a pas de compte à rendre à Macron. Quand Sarkozy (ancien président français) avait des problèmes au Niger, il s’était déplacé. C’est lui (le président Macron) qui a des intérêts au Niger. Mais nous, quels intérêts avons-nous en France ? On n’a rien, on n’a aucune société nigérienne qui y opère. Ce sont eux qui ont des sociétés ici », s’emporte Issa Garba qui souhaiterait plutôt voir Emmanuel Macron venir rencontrer ses homologues africains « en Afrique ».

Le gouvernement nigérien ne s’est pas encore exprimé officiellement suite aux déclarations d’Emmanuel Macron. Le Front de l’opposition indépendante maintient pour sa part ses premières déclarations : « les forces militaires étrangères doivent quitter le Niger ».

A l’Assemblée nationale du Niger, aucun député n’a accepté de se confier à la DW. Cependant, un élu de la Majorité, qui a requis l’anonymat, estime que c’est une affaire qui ne concerne que l’exécutif car celui-ci n’a jamais sollicité l’avis du parlement pour autoriser la présence des forces étrangères au Niger.