Le Mali traverse une crise énergétique sans précédent depuis plusieurs mois, qui affecte le quotidien des populations et le fonctionnement des services publics et privés. Pour y faire face, la société de fourniture d’électricité du Mali, l’EDM SA, et les autorités de la transition ont présenté, le jeudi 07 mars 2024, lors d’un point de presse, les actions entreprises et les perspectives envisagées.
Une production énergétique insuffisante et coûteuse selon l’EDM SA
Le Directeur Général de l’EDM SA, Abdoulaye Djibril Diallo, a dressé un diagnostic sans complaisance de la situation énergétique du pays. Il a évoqué les causes structurelles de la crise, notamment le manque d’investissement dans le secteur, l’augmentation de la demande liée à la croissance démographique et économique, et la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché international.
Selon le DG, le thermique constitue aujourd’hui 70 % de la production énergétique du Mali, contre 17 % il y a 20 ans. Ce qui représente un coût élevé pour sa société, qui produit à perte à cause du déséquilibre entre le prix d’achat du Kilowatt et son prix de vente. Il a également souligné les difficultés liées à la gestion du réseau, à la fraude, au recouvrement des factures et à la maintenance des équipements.
Des solutions à court et moyen termes pour soulager les usagers
Pour atténuer les effets de la crise énergétique, notamment durant le mois de Ramadan, les autorités de la transition ont décidé de mettre à la disposition de l’EDM une quantité importante de carburant, afin de réduire les temps de délestage. Le DG de l’EDM a annoncé la publication régulière des plans de délestage, pour permettre aux usagers de s’organiser.
Il a également indiqué que la société disposera de 28 millions de litres de carburant sur les acquisitions de 42 millions de litres (22 millions du Niger et 20 millions du Togo via la Russie) annoncées par les autorités depuis janvier 2024. Il a précisé que ces acquisitions sont financées par le budget de l’Etat et par des prêts bancaires.
Le DG de l’EDM a affirmé que le défi à relever pour la société est d’améliorer sa gouvernance, en diminuant ses charges et en digitalisant son service. Il a annoncé la mise en place d’un plan de restructuration et de redressement de l’EDM, qui sera soumis à l’approbation des autorités.
Des perspectives à long terme : vers la diversification des sources d’énergie
Dans le cadre d’une vision à long terme, le Mali ambitionne de diversifier ses sources d’énergie, en exploitant davantage le potentiel hydroélectrique, éolien et solaire du pays. A cet effet, le ministre de l’économie et des finances, Alousséni Sanou, a rencontré une délégation de la société russe de construction de centrales solaires, NOVAWIND.
La rencontre a abouti à la signature d’un accord pour la réalisation de deux centrales photovoltaïques de 150 Mégawatts chacune dans les localités de Bougouni et Sanakoroba. NOVAWIND s’est engagé à réaliser la centrale de Bougouni dans un délai de 12 mois, selon le ministre malien de l’économie.
Par ailleurs, le Mali et la Russie ont signé, en janvier 2024, un protocole d’accord pour la construction de deux centrales nucléaires dans le pays. Ce projet, qui suscite des interrogations sur les risques environnementaux et sécuritaires, vise à doter le Mali d’une capacité de production de 2 400 Mégawatts d’ici 2030.
Enfin, le ministre de l’économie et des finances a annoncé que l’Etat malien et les banques de la place sont à l’œuvre pour échelonner les dettes de l’EDM, qui s’élèvent à plus de 400 milliards de francs CFA. Il a assuré que cette opération permettra de soulager la trésorerie de la société et de lui donner les moyens de se relancer.