Au Niger, le maire de la commune de Kabléwa, dans la région de Diffa, a été libéré par ses ravisseurs samedi soir 4 janvier. Abari El Hadj Daouda et sa femme avaient été enlevés le 19 octobre dernier par des hommes armés non identifiés.
Abari El Hadj Daouda est rentré chez lui, ce dimanche matin, et a pu retrouver sa famille et ses proches. Tarinou Daouda est ému, car son frère est de retour, depuis quelques heures, avec sa femme, après avoir passé plus de deux mois aux mains de ses ravisseurs.
« C’est toute la famille qui est là, en pleurant, en dansant… C’est un accueil chaleureux », dit-il.
Le 19 octobre dernier, à la nuit tombée, des hommes armés encerclent la maison du maire. Ils réveillent sa femme et les emmènent tous les deux.
On ne sait pas qui sont les ravisseurs, mais Tarinou Daouda y voit l’empreinte des jihadistes de Boko Haram, actifs autour du lac Tchad. La pratique de l’enlèvement, nous dit-il, est courante dans la région.
Selon ses proches, Abari El Hadj Daouda est rentré en bonne santé, mais sa femme est malade. Le couple n’a apparemment pas été maltraité, mais les conditions de détention ont été difficiles.
« Ils ont été bien traités, mais les conditions de détention sont difficiles… déjà l’eau, les moustiques, le froid, le vent… donc quand tu quittes ta maison, ce n’est pas le luxe ; il n’y a rien, quoi », a ajouté Tarinou Daouda.
Qu’est-ce qui a rendu possible cette libération, après plus de deux mois de détention ? La famille affirme ne pas avoir eu de contact avec l’État et avoir payé une rançon aux ravisseurs, sans en dévoiler le montant, avec la participation de tous les proches, amis et connaissances du couple.
Joint par RFI, le journaliste indépendant Seidik Abba, auteur du livre « Voyage au coeur de Boko Haram » affirme que les enlèvements contre rançons sont devenus quasi-quotidiens, dans cette région du Niger.
« Les autorités semblent avoir laissé le règlement de la question entre les ravisseurs et les familles. On peut comprendre que les forces de défense et de sécurité soient mobilisées par plusieurs fronts parce que le Niger fait face à une situation au nord-ouest avec la frontière avec le Mali, au sud-est, avec Boko Haram et le Nigeria, mais aussi au nord avec la Libye. Les forces de défense et de sécurité sont donc très mobilisées et du coup, on a l’impression que sur la question des rançons, il n’y a pas un engagement très clair et très déterminé de l’État. Ce sont les familles qui, aujourd’hui, fortes d’une autre solution, sont obligées de se cotiser – et souvent les personnes qui sont membres de la famille et qui sont à l’extérieur sont également mises à contribution – pour rassembler les sommes d’argent, car il n’y a pas d’autre alternative que le payement de la rançon », explique-t-il.