Niger, le 14 octobre 2024 – Le retrait annoncé du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), prévu pour janvier 2025, s’annonce plus complexe que prévu. Loin d’une simple procédure administrative, cette séparation suscite de vives tensions et pourrait donner lieu à une série de manœuvres visant à entraver le départ de ces trois pays.
Si les autorités de Bamako, Niamey et Ouagadougou ont clairement exprimé leur volonté de quitter l’organisation sous-régionale, la CEDEAO ne l’entend pas de cette oreille. Accusée par ces pays d’être inféodée à des puissances étrangères et de ne pas défendre les intérêts de la région, l’institution ouest-africaine multipliera les initiatives pour tenter de conserver son influence et de ralentir, voire d’empêcher, ce départ.
Quels sont les motifs et les moyens par lesquels la CEDEAO pourrait empêcher l’AES de quitter l’organisation ? Quelles stratégies l’AES pourrait-elle adopter pour contrer ces actions ?
Divorce Cédéao-AES : Des pressions économiques et politiques
Pour empêcher le départ de ces trois membres, la CEDEAO utiliserait une panoplie de moyens :
- Des pressions économiques : après les sanctions générales qui se sont révélées inefficaces, la CEDEAO pourrait utiliser des mesures plus discrètes, mais tout aussi dommageables, en restreignant l’accès de ces pays à certains marchés ou à des financements dans le souci de fragiliser les économies des pays de l’AES.
- Des tentatives de déstabilisation politique : Il est possible que la CEDEAO utilise des méthodes telles que le soutien à des oppositions internes, la propagation de fausses informations et l’infiltration de réseaux d’influence pour susciter des tensions.
- Une stratégie de l’isolement : L’organisation pourrait tenter d’isoler ces pays sur la scène internationale en les excluant de certains forums et en limitant leurs relations avec d’autres partenaires.
- Un affaiblissement de l’AES : les trois pays de l’Alliance des États du Sahel feront également l’objet de manœuvres cherchant à les discréditer et à les affaiblir aux yeux de leurs nouveaux partenaires.
L’organisation entreprendra toutes ces actions comme des manœuvres désespérées pour empêcher le départ. En effet, le départ des trois pays infligera à l’Organisation un coup sans précédent.
L’Alliance des États du Sahel face à l’adversité
Face à ces pressions, l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, doit forger une dynamique régionale renouvelée. Alors que 2025 approche, marquant la rupture officielle, ces nations sont dans une phase de fragilité accrue. Face à l’échec de la CEDEAO à imposer sa volonté par la contrainte, il est impératif que les pays du Sahel demeurent vigilants, car elle pourrait redoubler d’ingéniosité pour empêcher leur sortie de l’organisation.
L’AES est à la croisée des chemins, avec la nécessité d’organiser des élections, de consolider leur économie et de renforcer leur coopération régionale naissante, tout en parant à d’éventuelles manœuvres de déstabilisation. Cette période critique exige une stratégie habile et une solidarité inébranlable pour naviguer dans ces eaux tumultueuses.
Les Nations membres de l’AES doivent élaborer sans délai une stratégie de riposte robuste pour préserver leur souveraineté. Cette mesure proactive est nécessaire face à l’absence de communication et à la succession de réunions tenues par la CEDEAO, des signes qui, selon certains analystes, pourraient indiquer des développements préoccupants pour la stabilité régionale.
Les enjeux de cette séparation
Le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO a des implications majeures pour la stabilité de la région. Il pourrait fragiliser davantage l’organisation sous-régionale et encourager d’autres pays à suivre le même chemin. Par ailleurs, il pourrait renforcer les tensions entre d’autres pays du Sahel et leurs partenaires occidentaux.
En conclusion, les mois à venir seront déterminants pour l’avenir de la Région. Les pays de l’Alliance des États du Sahel devront faire face à une pression accumulée de la CEDEAO tout en consolidant leur souveraineté. La réussite de leur transition dépendra de leur capacité à résister à ces manœuvres et à construire une coopération régionale alternative. Pensez-vous que ce divorce Cédéao-AES sera finalisé ?