Niamey, 17 octobre 2024 – Dans un contexte marqué par une insécurité alimentaire croissante et des prix des denrées de base en constante augmentation, le Niger a décidé de prendre des mesures drastiques. En effet, le gouvernement, sous la conduite du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), a annoncé mercredi l’interdiction totale de l’exportation de plusieurs céréales, piliers de l’alimentation des Nigériens.
Par ailleurs, cette décision, qui frappe de plein fouet le riz paddy, le riz blanc, le mil, le sorgho, le niébé et le maïs, vise à préserver l’approvisionnement du marché intérieur. Le pays, déjà confronté à des défis sécuritaires et humanitaires, ne peut se permettre de voir ses réserves s’amenuiser.
Interdiction d’exportation de céréales : une mesure d’urgence pour protéger les consommateurs
Cette interdiction s’inscrit dans un contexte régional marqué par une instabilité croissante et des conditions climatiques extrêmes. Les sécheresses récurrentes et les conflits armés ont fragilisé les systèmes alimentaires de nombreux pays de la région. Le Niger, bien qu’essentiellement agricole, n’est pas épargné par ces difficultés.
En plus de l’interdiction de l’exportation de ces céréales, le gouvernement envisage des mesures pour garantir que les producteurs locaux reçoivent une rémunération équitable pour leurs produits. Ainsi, les autorités espèrent stabiliser les prix et garantir l’accès de tous à une alimentation de base. Cette mesure devrait également encourager la production locale et renforcer la résilience des communautés rurales.
Des exceptions pour les voisins
Toutefois, cette interdiction ne concerne pas les exportations destinées aux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), comme le Mali et le Burkina Faso. Une décision qui témoigne de la solidarité régionale et de la volonté de maintenir des relations économiques étroites avec les pays voisins.
Une application rigoureuse
Pour assurer le respect de cette mesure, le gouvernement a mis en place un dispositif de contrôle renforcé. Les autorités douanières, les forces de l’ordre et les services déconcentrés de l’État sont mobilisés pour traquer les contrevenants. Les sanctions encourues sont lourdes : confiscation des marchandises, amendes et poursuites judiciaires.
Cette décision du gouvernement nigérien suscite des réactions contrastées. Si les consommateurs l’apprécient, espérant voir les prix baisser, elle préoccupe les producteurs qui craignent de ne pas pouvoir vendre toute leur production. Les opérateurs économiques, quant à eux, s’interrogent sur les conséquences de cette mesure sur les échanges commerciaux avec les pays voisins.
Un enjeu de souveraineté alimentaire
Au-delà des aspects économiques, cette interdiction souligne l’importance de la souveraineté alimentaire pour le Niger. En sécurisant l’approvisionnement en céréales, le pays affirme sa volonté de maîtriser son destin alimentaire et de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations.
Les prochains mois seront déterminants pour évaluer l’impact de cette mesure sur la situation alimentaire au Niger. Le gouvernement doit veiller à ce que cette interdiction ne pénalise pas les producteurs et ne crée pas de tensions sociales.