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Le Niger pleure la perte de Souleymane Kane, pilier de la politique nigérienne

Paris, 19 mars 2025 – Le Niger est en deuil. Ce mercredi, Souleymane Kane, ancien ministre, conseiller à la présidence et membre fondateur du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarraya), s’est éteint à Paris, en France, après une longue bataille contre la maladie. Sa disparition marque la fin d’une ère pour la politique nigérienne, où il a joué un rôle de premier plan pendant des décennies.

Une carrière au service de la nation

Souleymane Kane, né en 1955 à Niamey, a consacré sa vie à son pays avec une détermination sans faille. Formé en sciences politiques à l’Université de Dakar, il a rapidement émergé comme une figure incontournable de l’administration et de la politique nigériennes. En 1990, il a participé à la fondation du PNDS Tarraya aux côtés de Mahamadou Issoufou, contribuant ainsi à poser les bases d’un parti qui allait devenir un pilier de la scène politique nationale.

Son parcours ministériel témoigne de sa polyvalence et de son engagement. En tant que ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, il a travaillé à renforcer la sécurité et à promouvoir une gouvernance plus proche des citoyens. Plus tard, à la tête du ministère de l’Économie et des Finances, il a piloté des réformes économiques ambitieuses, favorisant la stabilité financière et attirant des investisseurs au Niger. Mais c’est en sa qualité de conseiller à la présidence, sous Mahamadou Issoufou, qu’il a exercé une influence particulièrement marquante, participant à l’élaboration des grandes lignes de la politique de développement du pays.

Souleymane Kane : un homme d’État respecté

Au-delà de ses titres, Souleymane Kane était admiré pour ses qualités humaines et son sens aigu de la responsabilité. Dans un contexte politique souvent marqué par des rivalités, il s’est aussi distingué par sa capacité à fédérer et à dialoguer. Ses collaborateurs le décrivent comme un homme intègre, pragmatique et profondément attaché à l’idée d’un Niger uni. Il accordait également une importance particulière à la jeunesse, plaidant pour des investissements massifs dans l’éducation et l’emploi, qu’il considérait comme les clés de l’avenir du pays.

Son rôle de proche collaborateur de Mahamadou Issoufou a renforcé son statut de stratège politique. Ensemble, ils ont œuvré à consolider le PNDS Tarraya et à faire du Niger un acteur respecté sur la scène régionale. Ses efforts en faveur de la diplomatie ont par ailleurs permis de tisser des liens solides avec les partenaires internationaux, tout en défendant les intérêts nigériens.

Une perte aux répercussions profondes

Le décès de Souleymane Kane laisse un vide immense, tant au sein du PNDS Tarraya que dans l’ensemble de la classe politique nigérienne. Figure respectée et influente, il était perçu comme un pilier de stabilité dans un parti confronté à des défis croissants. Alors que le Niger se prépare à des échéances électorales cruciales, son absence risque de peser lourd sur la cohésion et la stratégie du PNDS Tarraya.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le président de la République a rendu hommage à « un patriote exemplaire, dont la vision continuera d’inspirer les générations futures ». À Paris, où il a rendu son dernier souffle, la communauté nigérienne s’est réunie pour saluer la mémoire d’un homme qui incarnait les valeurs de dignité et de service.

Quel horizon pour le Niger sans Souleymane Kane ?

La disparition de Souleymane Kane soulève une question essentielle : qui reprendra le flambeau pour porter son héritage ? Le PNDS Tarraya, désormais orphelin de l’un de ses fondateurs, devra trouver en son sein les forces nécessaires pour maintenir son élan et répondre aux aspirations du peuple nigérien. Plus largement, la politique nigérienne, déjà marquée par des transitions complexes, devra se réinventer pour combler le vide laissé par cet homme d’État d’exception.

En ce jour de tristesse, le Niger pleure un fils dévoué. Mais au-delà du chagrin, c’est peut-être dans la mémoire de Souleymane Kane – ses combats, ses idéaux, son rêve d’un pays prospère – que le pays trouvera l’élan pour écrire le prochain chapitre de son histoire. Quel visage prendra ce futur sans sa présence éclairée ? L’avenir, seul, le dira. Qu’Allah lui fasse miséricorde, Amine.

 

Niger : un flambeau s’éteint avec Malam Alma Oumarou

Niamey, 8 mars 2025 – Un voile de silence s’est abattu sur Niamey, comme si les vents du Sahel eux-mêmes retenaient leur souffle. Malam Alma Oumarou, figure tutélaire de la politique nigérienne, s’est éteint à l’âge de 73 ans, laissant derrière lui un héritage aussi vaste que les dunes de son pays natal. Originaire de Kantché, dans la région de Zinder, cet homme au parcours singulier a traversé les décennies, tissant sa toile entre les arcanes du pouvoir et les sphères économiques, jusqu’à devenir une référence incontournable dans l’histoire contemporaine du Niger.

Malam Alma Oumarou : un itinéraire forgé dans l’érudition et l’engagement

Fils d’une terre aride, mais riche de promesses, Malam Alma Oumarou a puisé dans ses racines à Kantché la force d’un destin hors du commun. Formé au Lycée National de Niamey, puis à l’Université de Lomé, à Abidjan et enfin à l’Université libre de Bruxelles, il a ramené dans ses bagages une licence en droit, un diplôme en droit des assurances et une maîtrise en santé publique. Dès 1976, il s’est immergé dans l’administration publique, avant de s’illustrer comme cofondateur de la Société Nigérienne d’Assurances et de Réassurances (SNAR-Leyma), dont il fut directeur général adjoint puis directeur général jusqu’en 1993. Entrepreneur visionnaire, il a également investi dans l’industrie, marquant de son empreinte des secteurs clés comme les assurances et les finances, avec des participations notables dans des institutions telles que BIA, SONIBANK et ECOBANK.

Une stature politique au service de la nation

La politique, cet autre théâtre où il excella, l’a vu endosser des rôles majeurs. Député de Kantché de 1999 à 2009, président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, il a porté haut les couleurs du MNSD-Nassara sous Mamadou Tandja, occupant le poste de ministre de la Privatisation dès 2000, puis celui du Commerce jusqu’en 2016 sous Mahamadou Issoufou. En 2020, il a fondé le Rassemblement pour la Paix et le Progrès (RPP-Farilla), qu’il a conduit à la septième place lors de la présidentielle de 2020 avec 2,47 % des suffrages. Nommé ministre des Transports en 2021 par Mohamed Bazoum, il a poursuivi son œuvre jusqu’à ce que la maladie, ce visiteur insidieux, vienne interrompre son chemin. Son décès, survenu à Niamey, a été annoncé avec une sobriété empreinte de respect par l’Agence Nigérienne de Presse, plongeant le pays dans une méditation collective.

Un legs au croisement des mondes

Malam Alma Oumarou n’était pas seulement un homme d’État ou un magnat des affaires ; il était un pont entre les époques et les ambitions. Sa capacité à naviguer entre les exigences de la gouvernance et les subtilités de l’économie lui a valu une réputation d’architecte discret, mais influent. Sous son égide, le RPP-Farilla s’est voulu un étendard de paix et de cohésion, un rêve qu’il portait avec une ferveur presque prophétique. Ses contemporains saluent en lui un patriote dont les idées, parfois austères, visaient toujours l’élévation collective, tandis que ses détracteurs reconnaissent, malgré leurs réserves, la constance de son engagement.

Malam Alma Oumarou : une étoile qui rejoint l’immensité

Le Niger pleure un fils dont la voix, grave et posée, savait apaiser les tumultes. Malam Alma Oumarou s’en est allé, emportant avec lui un pan de l’âme nigérienne, mais laissant en héritage une leçon limpide : la grandeur d’un homme ne se mesure pas aux titres qu’il accumule, mais à la lumière qu’il projette sur ceux qui l’entourent. Dans le silence du crépuscule sahélien, où les étoiles semblent veiller sur les vivants, son départ nous rappelle que les plus nobles édifices sont ceux que l’on bâtit pour autrui, et que, même éteint, un flambeau continue d’éclairer les sentiers qu’il a un jour tracés.

 

Hama Amadou : Fin d’une époque, début d’un héritage indélébile

Niamey, 24 octobre 2024— La disparition soudaine de Hama Amadou, figure emblématique de la politique nigérienne, a plongé le pays dans le deuil. Emporté par une crise de paludisme fulgurante, l’homme d’État de 74 ans est décédé en route vers l’hôpital général de référence de Niamey. Sa carrière illustre, jalonnée de hautes fonctions et d’embûches, témoigne de son engagement indéfectible envers son pays, malgré l’ultime poste qui lui a échappé.

Hama Amadou, le Phénix de la politique nigérienne

Hama Amadou, surnommé affectueusement « le Phénix », a connu une carrière politique pleine de rebondissements. Plusieurs fois emprisonné, il est l’un des plus résistants opposants politiques du Niger. Économiste respecté et stratège politique habile, Amadou a commencé sa carrière comme contrôleur des douanes, puis a gravi les échelons de l’État, occupant des postes importants sous les présidences de Seyni Kountché et Ali Saibou.

Il a été Premier ministre sous la présidence de Mahamane Ousmane de 1995 à 1996 et a joué un rôle clé dans l’arrivée au pouvoir de Mamadou Tandja en 1999, avant de devenir à nouveau Premier ministre l’année suivante. Pendant sept ans, il a dirigé le Gouvernement avec fermeté et dévouement.

Un parcours politique entre épreuves et résilience

Cependant, la relation entre l’ancien Premier ministre nigérien et Mamadou Tandja se détériore en 2009. Peu après, les autorités incarcèrent l’ex-Premier ministre dans une prison de haute sécurité pour des accusations de détournement de fonds. Des accusations qu’il réfute vigoureusement, les qualifiant de « machination » orchestrée par le président de l’époque, Mamadou Tandja, afin de l’éliminer de la course présidentielle. Néanmoins, la justice lui donne raison en prononçant un non-lieu, et les élections présidentielles prévues cette année-là sont annulées à la suite du renversement de Tandja par un coup d’État.

Perdant son influence au sein du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD), Hama Amadou crée son propre parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden F. A.), et se positionne en opposant. Il relance sa carrière politique en étant nommé président de l’Assemblée nationale en 2021, suite à la chute de Tandja, et occupe ce poste jusqu’en 2014. Cette période illustre la résilience de Hama Amadou et sa capacité à se réinventer sur la scène politique nigérienne.

Hama Amadou, à nouveau dans la tourmente

Hama Amadou, fervent défenseur de la cause nigérienne et rival historique de l’ancien président Mahamadou Issoufou, s’est retrouvé impliqué dans une controverse de trafic de bébés qui a terni son image publique ainsi que celle d’une de ses épouses. Contraint à l’exil de 2011 à 2015, il est arrêté en 2015, lié à cette affaire. Malgré son incarcération en 2015, il réussit à se hisser à la deuxième place lors de l’élection présidentielle de 2016, recueillant près de 18 % des suffrages, et ce, sans mener de campagne électorale.

Après un long séjour à l’étranger, Amadou, de retour sur la terre de ses ancêtres en 2019, est de nouveau arrêté puis relâché en 2020. Il a tenté de se présenter à nouveau pour la plus haute fonction de l’État. Toutefois, la Cour constitutionnelle a annulé sa candidature pour l’élection présidentielle de décembre 2020, ce qui a ouvert la voie à Mohamed Bazoum. Ce dernier événement marque un tournant décisif dans la carrière politique d’Amadou, l’empêchant de réaliser son ambition de longue date d’accéder à la présidence.

Fin de parcours pour un pilier de la politique nigérienne

Hama Amadou a tiré sa révérence ce mercredi à Niamey, laissant un legs de dévouement et d’engagement pour sa nation. Impliqué dans les troubles post-électoraux de février 2021, il a subi une incarcération la dernière de sa vie, puis une libération pour des raisons médicales qui l’ont mené en France. Après le coup d’État de juillet 2023 renversant Mohamed Bazoum, Amadou est rentré à Niamey et s’est retiré de la vie politique.

Son décès a provoqué une onde de choc, avec des hommages poignants de figures telles que l’ex-président Mahamadou Issoufou, qui a déploré la perte d’un précieux « allié et adversaire ». Soufiane Aghaichata Guishene, ministre du Tourisme du gouvernement militaire, a aussi salué sa mémoire, assurant que son héritage inspirera les futures générations. La disparition d’Amadou signe la fin d’une époque pour le Niger, mais son influence et son humanisme demeureront indélébiles dans l’annale du pays.

En somme, Hama Amadou s’éteint, mais son héritage reste incandescent. Sa vie est une preuve éclatante que la détermination peut briser toutes les chaînes, même celles de l’adversité la plus implacable. Alors que le Niger pleure son géant politique, son esprit de résilience et de défi continuera de résonner, guidant les générations futures vers un avenir plus courageux et plus juste. Un chapitre se ferme, mais son histoire inspire toujours.