Au moins une trentaine de personnes civiles membres d’un comité de vigilance de la commune de Bani Bangou, dans la région de Tillabéry, sont portées disparues depuis mardi soir, non loin de la frontière avec le Mali. Le maire a été retrouvé sain et sauf.
Selon des informations en provenance du nord de Tillabéry, le maire, entouré de 42 motos appartenant au comité local de milices d’autodéfense, a quitté sa commune en direction de la commune boisée d’Adabda, entre Tiloa et la préfecture de Bani Bangou. Leur objectif : capturer ou tuer une taupe des jihadistes bien localisée.
Selon des sources sécuritaires d’après Radio france international, c’est au retour, après avoir capturé leur cible, que le maire et les membres du comité d’autodéfense sont tombés dans une embuscade tendue par des hommes armés près d’Adabda. 84 civils membres du comité ont été piégés par les jihadistes, prévenus par leur informateur, un natif d’Adabda. Selon plusieurs sources recoupées, les membres du comité, mal équipés, ont été surpris à la mi-journée de mardi par des tirs ennemis. Les combats auraient été violents. Dans les rangs du comité, seuls 15 rescapés sur 84 sur huit motos sont revenus à leur base du village de Dinara, à 7 km de Bani Bangou. Après plusieurs survols des avions de reconnaissance, les forces spéciales ont ratissé la zone.
Parmi les rescapés, un éminent marabout, le chef du village de Daré, est très remonté contre les islamistes mais aussi, visiblement, contre le chef de la milice d’autodéfense. Beaucoup d’interrogations sur cette milice spontanément créée dans une zone en état d’urgence où les motos à deux roues sont interdites de circuler.
Autre interrogation à Niamey : comment ces jeunes miliciens se sont procuré aussi facilement des armes conventionnelles comme les AK-47 ?
Officiellement, il n’existe aucun comité d’autodéfense au Niger. Mais avec ces derniers événements, on peut sans risque de se tromper dire qu’il existe des embryons de milices armées dans certains villages menacés par les jihadistes. Sur cette bande frontalière boisée, il serait très difficile officiellement d’interdire aux populations menacées de s’organiser pour se défendre.