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Drame à Pala : l’effondrement tragique d’un mur scolaire

Tchad, 3 avril 2025 – Ce jeudi, la ville de Pala, nichée au cœur de la province du Mayo-Kebbi Ouest, a été le théâtre d’un drame aussi soudain que déchirant. Un mur de l’école primaire EGTH B, vétuste et fragilisé par le temps, s’est effondré en pleine séance de cours, ensevelissant sous ses décombres une classe de CE2. Le bilan, aussi tragique qu’irréversible, fait état de cinq jeunes vies fauchées et de plusieurs élèves blessés, promptement évacués vers l’hôpital provincial de Pala pour y recevoir des soins d’urgence. Par ailleurs, dans cette épreuve, la réponse des autorités locales, incarnée par la figure d’Abdelmanane Katab, délégué général du gouvernement pour la province, s’est distinguée par une rapidité et une dignité exemplaires, offrant un rare modèle de résilience face à l’infortune.

À Pala, l’effondrement d’un mur d’école fait cinq morts parmi des élèves de CE2, révélant l’engagement exemplaire des autorités tchadiennesPala :une matinée de cauchemar pour la communauté éducative

L’accident, survenu en milieu de matinée, a plongé la communauté éducative et les familles dans une stupeur mêlée de douleur. Les élèves, âgés d’à peine huit ou neuf ans, suivaient leur leçon lorsque la structure, sans doute minée par des années de négligence, a cédé sous son propre poids. Les cris des enfants, étouffés par la poussière et les gravats, ont alerté les enseignants et les riverains, qui se sont précipités pour porter secours. Malgré leurs efforts héroïques, cinq d’entre eux n’ont pu être arrachés à la mort, laissant derrière eux des parents éplorés et une ville en deuil. Les secours ont transporté avec diligence les blessés, dont le nombre exact reste à préciser, vers l’hôpital provincial, où le personnel médical, mobilisé dans l’urgence, a démontré un dévouement admirable.

Intervention rapide des autorités locales

C’est dans ce contexte de chaos et de chagrin qu’Abdelmanane Katab, à la tête d’une délégation imposante, a fait une apparition remarquée sur les lieux du drame. Sa présence, loin d’être une simple formalité, a incarné une volonté ferme de prendre la mesure de la catastrophe et d’apporter un soutien tangible aux victimes. Accompagné de responsables locaux et de membres des forces de l’ordre, il a aussi supervisé les premières opérations de secours, s’assurant que chaque enfant encore prisonnier des débris soit extrait avec soin. Cette réactivité, alliée à une compassion manifeste, a permis de contenir l’élan de panique qui menaçait de submerger la population. En s’adressant aux familles, le délégué général a promis une enquête approfondie pour élucider les circonstances de cet effondrement, un engagement salué comme un gage de transparence et de justice.

Une école en ruine, un symbole brisé

L’école EGTH B, située dans le 1ᵉʳ arrondissement de Pala, près de l’ANADER, n’était pas un établissement anonyme. Elle représentait, pour des dizaines de familles modestes, un espoir d’ascension sociale par l’éducation. Que ce symbole d’avenir ait pu devenir le théâtre d’une telle tragédie ne manque pas d’interroger. Les premiers témoignages, recueillis auprès d’habitants, pointent du doigt l’état de délabrement des infrastructures scolaires, un fléau trop longtemps ignoré dans cette région reculée. Pourtant, la promptitude avec laquelle les autorités ont réagi offre une lueur d’espoir : celle d’une prise de conscience collective, capable de transformer le deuil en action.

À Pala, l’effondrement d’un mur d’école fait cinq morts parmi des élèves de CE2, révélant l’engagement exemplaire des autorités tchadiennesUn drame évitable : le lourd héritage des infrastructures vétustes

Mais au-delà de cet élan louable, une question persistante subsiste, susceptible de provoquer une controverse prolongée : comment une nation qui se targue de progrès peut-elle encore tolérer que ses enfants étudient sous des murs prêts à s’écrouler ? Si la diligence d’Abdelmanane Katab force le respect, elle ne peut dissimuler une vérité plus amère : les autorités auraient pu éviter ce drame. La vétusté des écoles tchadiennes, dénoncée depuis des années par les enseignants et les parents, n’est-elle pas le reflet d’un abandon plus vaste, où les priorités semblent parfois se perdre dans les méandres de la bureaucratie ? À Pala, le courage des secours et la dignité des officiels ne suffiront pas à apaiser les consciences : ils exigent désormais des actes, sous peine de voir la mémoire de ces cinq enfants devenir le symbole d’une promesse non tenue.

Tchad : un nouveau chapitre pour les renseignements avec le général Sorgouno

N’Djamena, le 25 février 2025 – Dans un mouvement significatif au sein des sphères sécuritaires tchadiennes, le Maréchal Mahamat Idriss Déby, président de la République, a signé hier un décret présidentiel marquant un tournant pour la Direction générale des Renseignements et des Investigations (DGRI). Par cette décision, le Général de Division Abdou Idriss Sorgouno a été nommé à la tête de cette institution stratégique, succédant ainsi au Général de Corps d’Armée Brahim Mahamat Seid, en poste depuis janvier 2024.

Sorgouno : un changement à la tête des Renseignements

La nomination d’Abdou Idriss Sorgouno intervient dans un contexte où le Tchad continue de naviguer entre défis sécuritaires internes et pressions régionales. Le général Sorgouno, figure bien connue dans les cercles militaires, apporte avec lui une expérience solide, notamment acquise en tant que directeur général adjoint de la DGRI sous l’ancienne direction. Cette promotion n’est pas une surprise pour les observateurs avertis, qui voyaient en lui un successeur naturel, compte tenu de son implication passée dans les rouages de l’appareil de renseignement tchadien.

Le président n’a pas écarté le général Brahim Mahamat Seid sans honneur. Immédiatement après son limogeage, il l’a désigné comme son conseiller spécial, un poste qui témoigne de la confiance continue que lui accorde le chef de l’État. Cette transition rapide illustre une volonté de maintenir une certaine continuité tout en insufflant un nouvel élan à la DGRI.

Sorgouno : une carrière au service de la sécurité nationale

Abdou Idriss Sorgouno n’est pas un novice dans le domaine de la sécurité. Avant cette nomination, il avait déjà occupé des postes clés, notamment celui de directeur général adjoint des Renseignements et Investigations, nommé par un décret datant du 10 novembre 2022. Il a gravi progressivement les échelons de la hiérarchie au sein des forces de sécurité tchadiennes, malgré les turbulences qui ont jalonné son parcours. En effet, des rapports antérieurs ont fait état d’une suspension temporaire de ses fonctions pour « manquements professionnels », selon une note du ministère de la Sécurité publique, bien que les détails de cette affaire restent flous.

Ce passé contrasté n’a toutefois pas entravé sa progression. Sa nomination au poste de directeur général semble refléter une reconnaissance de ses compétences opérationnelles et de sa capacité à gérer les défis complexes auxquels fait face le Tchad, notamment la menace persistante des groupes armés dans la région du Sahel et les tensions politico-sociales internes.

Un contexte politique et sécuritaire tendu

Cette décision intervient à un moment où le président Mahamat Idriss Déby, récemment élevé au rang de Maréchal, consolide son emprise sur les institutions clés du pays. Élu en mai 2024 à l’issue d’un scrutin controversé, puis intronisé Maréchal en décembre de la même année, il multiplie les ajustements au sein de l’appareil sécuritaire. Quelques mois plus tôt, en octobre 2024, les autorités ont remplacé plusieurs hauts responsables de la police, de la gendarmerie et de l’armée, signe d’une restructuration plus large orchestrée depuis le palais présidentiel.

Le Tchad, pilier stratégique dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, doit faire face à des enjeux cruciaux : la sécurité des frontières, la gestion des conflits intercommunautaires et la montée des critiques de l’opposition, qui dénonce un « climat de dictature ». Dans ce cadre, la DGRI joue un rôle central, non seulement dans la collecte d’informations, mais aussi dans l’anticipation des crises potentielles.

Perspectives et défis à venir

Avec Abdou Idriss Sorgouno à sa tête, la DGRI pourrait adopter une approche plus proactive, tirant parti de son expérience sur le terrain. Cependant, les attentes sont élevées. Le nouveau directeur général devra prouver sa capacité à renforcer la coordination entre les services de renseignement et les autres branches des forces de sécurité, tout en répondant aux critiques sur la transparence et les méthodes employées par son institution.

Pour beaucoup, ce changement est une tentative de Mahamat Idriss Déby de placer des hommes de confiance aux postes stratégiques, alors que le pays se prépare à des échéances politiques et sécuritaires majeures. Il reste à voir si le général Sorgouno transformera cette opportunité en un levier pour stabiliser davantage le Tchad, ou si son mandat rencontrera les mêmes défis que ceux de ses prédécesseurs. En attendant, cette nomination, annoncée hier, continue de susciter des débats à N’Djamena et au-delà, illustrant une fois de plus la centralité des questions de sécurité dans la gouvernance tchadienne sous l’ère Déby.