L’audit des marchés publics passés par le ministère nigérien de la Défense, qui a mis en lumière en février, des surfacturations et des paiements pour des armes non livrées s’élevant à 76 milliards de FCFA pour l’État, continue de faire grand bruit au Niger. Mais aussi en France.
Une députée française a ainsi interpellé le ministère français des Armées sur cette affaire, estimant que dans un contexte de coopération militaire, la France ne pouvait pas ignorer les irrégularités constatées. Car si les détournements constatés portent avant tout préjudice aux Nigériens, ils desservent aussi la France et son armée qui consent des efforts considérables pour la guerre au Sahel.
C’est le constat fait par Frédérique Dumas, députée membre du groupe d’amitié France-Niger. Sa question écrite posée la semaine dernière au ministère des Armées n’a toujours pas reçu de réponse.
« Il y a évidemment des surfacturations et du matériel non livré, explique t-elle interrogée par Marie-Pierre Olphand du service Afrique de RFI. Il y a aussi des matériels qui ont été achetés, avec une destination finale que l’on ne connaît pas. Tout cela met en danger la sécurité des populations et de nos propres troupes. C’est très grave parce que les dysfonctionnements sont nombreux et d’ampleur très importante. »
Jacques Maire, qui préside le groupe d’amitié France-Niger, n’est pas sur la même ligne. Pour lui ces détournements ne concernent pas directement Paris puisqu’aucun argent français n’est en jeu. Mais le député le concède : nous sommes préoccupés comme tous les bailleurs qui s’intéressent à la bonne gouvernance. « On voit, une fois de plus, que les dépenses militaires sont extrêmement vulnérables aux détournements, admet Jacques Maire joint par Marie-Pierre Olphand. Elles ne font l’objet que de très peu de contrôles parce qu’il n’y a pas de contrôle parlementaire en tant que tel. Elles sont couvertes par le secret Défense, et ça nous préoccupe »
Dans un communiqué daté du 7 avril, le procureur a confirmé avoir reçu le dossier et promis d’enquêter minutieusement sur les insuffisances constatées dans le rapport. Rien n’a fuité pour l’heure de ce travail judiciaire.