Une trêve imposée par la terre : le Myanmar suspend ses offensives face au séisme dévastateur - Journal du niger



Une trêve imposée par la terre : le Myanmar suspend ses offensives face au séisme dévastateur

Dans un sursaut d’accalmie aussi inattendu que précaire, le régime militaire qui tient les rênes du Myanmar a proclamé, ce…

Le Myanmar décrète une trêve militaire face à un séisme dévastateur, mais cette accalmie temporaire cache une crise politique profonde

Dans un sursaut d’accalmie aussi inattendu que précaire, le régime militaire qui tient les rênes du Myanmar a proclamé, ce mercredi 2 avril 2025, une suspension temporaire de ses offensives contre les factions rebelles qui parsèment le territoire. Cette décision, relayée par la voix officielle de la chaîne publique MRTV, s’étend du 2 au 22 avril et répond à l’urgence d’un désastre naturel d’une ampleur colossale : le séisme qui, vendredi dernier, a ébranlé les fondations d’une nation déjà vacillante. Loin d’être un geste de conciliation, cette trêve se veut un expédient pour orchestrer le secours aux victimes d’une catastrophe qui, selon les chiffres avancés par les autorités, a fauché plus de 2 700 âmes, tandis que des centaines d’autres demeurent ensevelies dans l’incertitude, présageant un tribut encore plus lourd.

Entre guerre civile et catastrophe naturelle : Myanmar à genoux

Le Myanmar, plongé depuis quatre ans dans les affres d’une guerre civile impitoyable, porte les stigmates d’un coup d’État perpétré en 2012 par une junte implacable. Ce putsch, qui a renversé le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi, a précipité le pays dans un chaos où les forces militaires s’échinent à mater une mosaïque de groupes insurgés, souvent ancrés dans les régions ethniques reculées. Ce conflit, d’une violence rare, a sapé les fondements d’une infrastructure sanitaire déjà chancelante, laissant le pays démuni face à l’irruption brutale de ce cataclysme tellurique. Les hôpitaux, débordés, peinent à panser les plaies d’une population doublement martyrisée, tandis que les routes éventrées et les ponts effondrés entravent l’acheminement des secours.

Le Myanmar décrète une trêve militaire face à un séisme dévastateur, mais cette accalmie temporaire cache une crise politique profonde Un pouvoir fragmenté face à l’urgence humanitaire

L’annonce de cette accalmie intervient dans un contexte dans lequel le pouvoir central, incarné par le président du Conseil d’administration de l’État, Min Aung Hlaing, voit son emprise s’effilocher. De vastes étendues du territoire échappent à son joug, confiées à la gouvernance hétéroclite de milices ethniques et de forces rebelles, rendant l’évaluation précise des pertes et des besoins aussi ardue qu’un périple dans un labyrinthe. Cette fragmentation, héritage d’un conflit fratricide, complique l’élan humanitaire international, alors que des nations voisines comme la Chine, l’Inde ou encore la Thaïlande ont dépêché aides et équipes de sauvetage pour conjurer l’ampleur du désastre.

Min Aung Hlaing à Bangkok : une rare ouverture diplomatique dans un contexte de crise

Dans un mouvement qui tranche avec son isolement habituel, Min Aung Hlaing s’apprête à fouler le sol thaïlandais les 3 et 4 avril pour un sommet régional à Bangkok, où les séquelles du séisme seront scrutées sous le prisme de la coopération sud-asiatique. Cette démarche, rarissime pour un dirigeant coutumier des retranchements, témoigne de la gravité d’une situation qui transcende les querelles intestines. Pourtant, la méfiance persiste : les groupes d’opposition, dont certains avaient déjà décrété des cessez-le-feu unilatéraux, accusent la junte de détourner l’aide à son profit ou de profiter de cette parenthèse pour resserrer son étau.

Une trêve fragile : espoir ou prélude à de nouvelles hostilités ?

Ainsi, ce répit, dicté par la fureur de la terre plus que par une volonté de paix, s’apparente à une trêve suspendue au fil d’une épée. Entre les ruines fumantes et les espoirs vacillants des rescapés, une question demeure en suspens : ce silence des armes, aussi éphémère soit-il, ouvrira-t-il une brèche vers une réconciliation improbable, ou ne sera-t-il qu’une résonance éphémère avant que le fracas ne reprenne ses droits ? L’avenir, comme les décombres, reste à déchiffrer.

 

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