Si la diplomatie était une discipline olympique, l’Union Africaine (UA) raflerait sans conteste toutes les médailles en matière de réunions sans effet. En témoigne la 1256ᵉ réunion ministérielle d’urgence du Conseil de paix et de sécurité (CPS) sur la situation explosive dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Un sommet de l’inaction, où l’on a, une fois de plus, caressé le vide avec des phrases creuses et des condamnations solennelles, pendant que le M23 et d’autres groupes armés redessinent la carte du Kivu à coups de rafales et de massacres.
Un ballet diplomatique parfaitement chorégraphié
Prenons un instant pour saluer l’ingéniosité de l’UA, qui a réussi l’exploit de transformer un drame sanglant en un festival de signatures et de poignées de main. Dans une salle bien climatisée, loin des balles et du sang, des ministres, des ambassadeurs et des dignitaires ont pris la parole avec la même solennité qu’un acteur récitant un texte mille fois répété. Un vrai théâtre de la paix… sans paix.
On a rappelé les résolutions précédentes, on a condamné le M23 avec la vigueur d’un professeur fâché par une copie bâclée, et on a, bien sûr, exprimé une « profonde préoccupation ». La formule magique, utilisée à chaque résurgence de violence, qui donne en effet l’illusion d’une réaction sans nécessiter la moindre action.
L’Union Africaine : un chœur d’indignations bien rodé
Le CPS, fidèle à son habitude, a empilé les formules indignées. « Nous condamnons fermement », « nous demandons instamment », « nous réaffirmons notre solidarité »… autant de phrases qui, mises bout à bout, ne pèseront pas plus lourd que le vent qui les a portées. Pendant ce temps, Minova, Saké et Goma sont tombées sous les assauts du M23, et la situation humanitaire atteint des sommets d’horreur.
Ah, mais attention ! L’UA ne s’arrête pas là. Avec un aplomb digne des plus grands illusionnistes, elle « exige » du M23 et des autres groupes armés qu’ils déposent les armes « immédiatement et sans condition ». C’est bien connu, un communiqué suffit à faire fuir des rebelles lourdement armés et soutenus par des intérêts opaques.
L’éternel refrain de la souveraineté bafouée
L’Union Africaine, toujours prompte à défendre la « souveraineté » et « l’intégrité territoriale » de ses États membres, continue pourtant d’observer avec une passivité fascinante la balkanisation de la RDC. Elle refuse d’admettre l’éléphant dans la pièce : des ingérences étrangères avérées alimentent le chaos. Mais plutôt que de pointer du doigt les responsabilités, on préfère « appeler les parties prenantes au dialogue ». Un dialogue, oui, entre un gouvernement qui implore de l’aide et des rebelles qui avancent à coup de mortiers.
L’Union Africaine : la réunion de trop ?
L’UA a beau « saluer la bravoure » des FARDC et de la MONUSCO, la réalité est implacable : la machine de guerre du M23 avance, les accords de cessez-le-feu sont piétinés comme des feuilles mortes, et le nombre de déplacés explose. Mais qu’importe, le CPS a prévu une nouvelle réunion au prochain sommet de l’UA en février. Une réunion de plus pour faire semblant de s’intéresser à la crise, le temps que la RDC compte ses morts et que les seigneurs de guerre élargissent leur territoire.
Finalement, cette 1256ᵉ réunion du CPS ne fait que confirmer ce que l’on savait déjà : si l’inaction était une arme, l’Union Africaine serait une superpuissance.
Veuillez lire le communiqué ici.